Ibrahim Miranda : Cuba contemporaine
La nouvelle galerie d’art Artésol et Ibrahim Miranda, un artiste d’envergure internationale, font leurs premiers pas à Ottawa: un rendez-vous pour découvrir le nouveau visage culturel de Cuba.
Christiane Kirkland
a fait le saut dans le monde de la promotion des arts alors qu’elle envisageait un changement de carrière. Fascinée par les transformations culturelles et sociales qu’elle observe lors de ses voyages en sol cubain, elle décide de combiner ses passions pour les arts et les voyages et de partager son contagieux enthousiasme pour les œuvres et les artistes. Située au 279, rue Dalhousie, sa nouvelle galerie, Artésol, a discrètement ouvert ses portes en avril dernier, au sous-sol de l’édifice.
La galerie représente plus d’une vingtaine d’artistes et offre habituellement des expositions de groupe. Exceptionnellement, elle abrite ce mois-ci une présentation solo de l’artiste Ibrahim Miranda, qui en est à sa première visite au Canada. Ce peintre et graveur possède un impressionnant carnet de route comprenant de nombreux événements d’importance, dont la Biennale de Venise. Ses toiles font partie de collections telles que celles du MoMA de New York, de la galerie nationale des beaux-arts de Washington, de la Fondation d’art contemporain Thyssen-Bornemisza et de nombreuses autres.
Les œuvres présentées comportent une esthétique que l’on reconnaît instantanément, arborant les couleurs vives et les larges traits noirs que l’on associe typiquement aux "tableaux du Sud". Un regard plus observateur nous permet toutefois d’apprécier une œuvre complexe, tout en subtilités. Le concept de la série est élaboré à partir de cartes routières de villes cubaines sur lesquelles l’artiste imprime des symboles en utilisant des techniques de gravure telles que la sérigraphie et la sculpture sur linoléum ou sur bois.
El Guardian (The Guardian), xylographie, 70 x 100 cm, 2004. |
Dans les tableaux d’une série précédente, Miranda se plaisait à dessiner des formes animales esquissées à même les traits illustrant les rues et quartiers des villes, une façon de faire comparable à celle des sculpteurs inuits faisant "apparaître l’âme de la pierre". L’iconographie des tableaux présentés rappelle celle des anciennes gravures religieuses. L’artiste explore et exprime les importants changements influençant la culture, la société et l’économie de la Cuba contemporaine. Les cartes constituent l’aspect concret du projet, alors que les symboles et personnages explorent la portion irrationnelle des aspirations du peuple cubain et du peintre, qui est toujours influencé par son héritage religieux et le rôle significatif qu’a joué l’Espagne dans l’évolution de sa culture. Inspiré par un texte du poète José Lezama Lima, il a créé un personnage qui tente de se forger une identité dans un monde en pleine mutation, à l’image du peuple de son pays natal. "Il est comme un oiseau qui essaie de sortir de sa coquille. C’est la métamorphose de son environnement, mais aussi un profond changement intérieur."
Ibrahim Miranda explique que le gouvernement cubain encourage fortement l’exportation des travaux d’un groupe d’artistes, poètes, musiciens ou danseurs et que ceux-ci sont influencés par les expériences vécues lors des voyages et des rencontres. Ainsi, ces jeunes artistes participent certainement au rayonnement de leur culture, mais en retour, ils enrichissent également la pratique artistique de leur pays et la vie des gens de leur entourage.
Pour l’instant, Artésol est certainement un des petits secrets les mieux gardés de notre ville. Une visite s’impose.
Jusqu’au 15 août
À la Galerie Artésol
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