Althea Thauberger : Jean in the city
Depuis presque deux mois, la façade de la Galerie 101 est transformée en une immense murale de l’artiste Althea Thauberger. Ainsi, Jean est une œuvre qui s’impose dans le paysage urbain.
La première fois que j’ai vu cette image parmi une série de portraits photographiques de l’honorable Jean Augustine (députée à la Chambre des communes), j’ai tout de suite pensé au Balzac de Rodin. Il y a quelque chose de très similaire dans leur gestuelle. Ce sont deux pauses qui font preuve d’une extraordinaire puissance de caractère, les deux sont bien campées. Ce portrait accroché sur le devant de la Galerie 101 est, tout comme le Balzac de Rodin, un monument.
La murale d’Althea Thauberger peut se poser en continuité avec le discours sur l’interprétation et la représentation de l’individu. Ainsi, Thauberger ajoute au panorama artistique actuel un regard plutôt rare, dans lequel on voit le portrait et l’œuvre publique monumentale réunis. Les dimensions de l’œuvre sont dérangeantes et portent le spectateur à s’interroger sur l’image placardant l’édifice de la Galerie 101. Le fait qu’elle s’impose dans l’environnement urbain invite à une seconde et même à plusieurs lectures. Car l’exposition, directement sur la place publique, d’un portrait de telles dimensions d’une femme noire se produit rarement dans notre culture. La murale de Thauberger, avec la complicité de la Galerie 101, s’infiltre incognito dans un tissu urbain régi par les conventions sociales, non pour dévoiler une faute de l’histoire, mais pour saboter de multiples stéréotypes allant de la représentation à la perception du portrait et de l’espace public.
Afin de conclure, on peut affirmer que Thauberger continue, à sa façon, le travail de Rodin sur les conventions du monument, et que les similarités avec le Balzac du sculpteur français ne sont ni accidentelles, ni simplement formelles.
L’honorable Jean Augustine travaille depuis plus de 10 ans à lutter contre la représentation stéréotypée des femmes et pour la diversité culturelle. Elle compte parmi ses réalisations les mieux connues le mois de février déclaré Mois de l’histoire des Noirs.
Une autre murale, Nightfall des artistes Will Aitken et Pao Quang Yeh, sur le mur adjacent de la Galerie 101, réitère l’engagement du centre d’artistes d’investir l’espace public afin de favoriser de nouvelles formes d’engagement social de l’art.
On espère que Jean et Nightfall tiendront le coup face aux intempéries pour environ deux ans.
Pour une durée indéterminée
À la Galerie 101
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