Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul : La peinture dans tous ses états
Le Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul récidive cette année avec une édition sans titre, qui tourne autour d’une seule et unique chose: la peinture.
Pèlerinage obligé des amateurs d’art et de peinture en particulier, escapade toujours agréable dans Charlevoix, fantastique et exigeant laboratoire pour les artistes, le Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul suscite à chaque édition bien des attentes – pas toujours également comblées, on en conviendra. Mais cet événement est si unique et perdure depuis si longtemps qu’il participe désormais d’une sorte de tradition. Le Symposium repose encore cette année sur la même formule, favorisant pendant tout le mois d’août une rencontre entre les artistes et le public. Une rencontre qui semble toujours aussi fructueuse. Le Symposium est l’occasion ou jamais de souligner combien la peinture semble de nouveau avoir la cote chez les jeunes artistes. Pas n’importe quelle peinture. Celle qui nous fait dire "qu’il n’y a rien d’autre qui fait cet effet-là". La peinture semble en effet être en train de reprendre une place prestigieuse dans les milieux les plus "branchés" de l’art contemporain, qui n’ont désormais pas le choix d’en admettre la vivacité et la pertinence. Cela apparaît des plus réjouissant et pourrait s’envisager comme l’expression d’un intérêt chez les artistes pour les pratiques qui vont à l’essentiel.
Participent au Symposium de 2005 des artistes du Japon, de France, du Québec et du Canada: en duo, Brigitte Archambault et Claudia Baltazar, Robbin Deyo, qui était de la première Manif d’art de Québec en 2000, la peintre Janet Werner, dont on a vu récemment les œuvres chez Esthésio, ainsi qu’André Martin, Kenji Sugiyama, Marion Galut, Louis-Philippe Côté, Patrick Lundeen, Adrian Norvid et Phil Irish. Autant d’artistes dont il faudrait découvrir les œuvres sur place.
Le commissaire de l’événement, le critique d’art Gilles Daigneault, a désigné ainsi cette 23e édition: Sans titre. Peindre à Baie-Saint-Paul en 2005. Il s’explique dans un texte dont voici des extraits: "Sans titre, c’est-à-dire sans directive thématique ni formelle, en toute liberté." Tant mieux! Plus souvent qu’autrement, les thèmes embêtent tout le monde… Mais ce n’est pas tout, Gilles Daigneault poursuit en apportant des précisions sur la responsabilité que sous-tend l’acte même de peindre: "Peindre, c’est-à-dire prendre en charge les exigences de cette discipline dont l’histoire, déjà complexe, a été bouleversée par les grands drippings de Jackson Pollock et par le demi-siècle d’expérimentations de toutes sortes qu’ils ont engendrées; et, d’autre part, persister dans une pratique que d’autres disciplines ne cessent de remettre en question." En outre, il y a aussi l’importance du lieu, son histoire et sa tradition picturale du paysage quasi imposée par sa situation géographique. Comme le précise encore Gilles Daigneault, peindre à Baie-Saint-Paul, ce n’est pas peindre n’importe où: "À Baie-Saint-Paul, dans une région visuellement bénie des dieux et qui jouit (?) d’une abondante tradition picturale: difficile de peindre innocemment en Charlevoix, comme de pratiquer la sculpture à Saint-Jean-Port-Joli." Tout cela nous donne le goût d’y passer, à ce symposium dont on ne connaît jamais le dénouement qu’à la toute fin. Citons Gilles Daigneault une dernière fois: "Comme l’écrivait Roland Giguère, "on n’est jamais sûr d’une couleur, d’une ligne. Le peintre n’a pas de dictionnaire". Ni le regardeur du tableau, heureusement, à qui le poète donnait jadis ce conseil: "Pour aller loin, ne jamais demander son chemin à qui ne sait pas s’égarer.""
Ancré plus que jamais dans Charlevoix et peut-être comme jamais branché sur le monde – ou à tout le moins, sur la métropole -, le Symposium, c’est aussi un forum qui aura lieu le samedi 20 août à 15 h, avec un titre qui laisse présager une intéressante discussion: Le Symposium et les galeries d’art de Baie-Saint-Paul. Nature, histoire et marché de la peinture dans une sorte de Pont-Aven québécois. Autour de la table seront réunis le galeriste montréalais Simon Blais, Gilles Charest, directeur des galeries Art et Style et l’Harmattan de Baie-Saint-Paul, l’historien de l’art et professeur à l’Université du Québec à Montréal Laurier Lacroix ainsi que le commissaire de cette 23e édition du Symposium, Gilles Daigneault.
Jusqu’au 5 septembre
À l’Aréna de Baie-Saint-Paul
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