Maîtres anciens
Petit été au Musée des beaux-arts de Montréal. Que peut-on y voir en attendant l’expo sur Le Paysage en Provence, qui débutera fin septembre?
Étrange choix d’exposition au Musée des beaux-arts (MBA). Le peintre Sam Borenstein (1908-1969) fait l’objet d’une petite rétrospective qui ne suscite guère la passion. Cet artiste, né en Lituanie et qui émigra à 13 ans au Canada, a peint, entre autres choses, beaucoup de paysages québécois, ceux des Laurentides: Sainte-Marguerite, Sainte-Lucie, Saint-Donat, Sainte-Agathe, Mont-Rolland… Dans ses tableaux, il faisait preuve d’un certain talent, mais méritait-il pour autant cet hommage du MBA? Placé dans une présentation plus large sur la peinture au Québec, il aurait piqué la curiosité; présenté seul ainsi dans quatre salles du Musée, il semble un peu perdu et un peu comme la lanterne rouge de l’époque expressionniste. Il est bon que le Musée fasse ce travail de mémoire en nous rappelant l’existence de créateurs oubliés, mais encore faut-il que cela permette de reconstruire un portrait juste du milieu de l’art d’ici.
Il y a longtemps que nous n’avions eu un été aussi mince au MBA. L’expo Edwin Holgate, peintre canadien, qui se poursuit jusqu’au 2 octobre, manque d’audace. L’expo sur le designer américain Larsen, qui était, elle, de qualité, s’est achevée un peu vite la fin de semaine dernière. Et ce n’est pas la petite rétrospective Sam Borenstein qui saura passionner le visiteur en cette fin de saison. Alors que pouvons-nous voir au MBA?
Je vous conseille de vous rendre au 4e étage du Musée pour y admirer une toute petite expo avec des œuvres de petits formats, mais réalisées par des artistes de grand talent. Vous serez certainement surpris de mon choix. Mais sachez ouvrir l’œil et prêter attention aux pièces accrochées. Le Cabinet des œuvres graphiques du Musée présente Gravures et dessins de l’âge d’or hollandais (1580-1660). Vous y verrez, entre autres, des eaux-fortes de Rembrandt, dont deux autoportraits, l’un le montrant dessinant et l’autre le donnant à voir appuyé contre un muret, dans une pause ayant des allures très nobles, écho au Castiglione de Raphaël et au célèbre Portrait d’homme du Titien (de la National Gallery à Londres) que l’on a longtemps prétendu être celui de l’Arioste. Vous pourrez aussi y admirer un burin (Mars et Vénus surpris par Vulcain), mais aussi des dessins (La Luxure, L’Envie et L’Avarice) d’Hendrick Goltzius. Du coup, vous aurez certainement envie d’aller admirer d’autres œuvres de l’art hollandais. Vous pourrez revoir, juste dans la salle adjacente, le merveilleux Portrait de jeune femme, réalisé à la fin de sa vie, par Rembrandt, ou, un peu plus loin, le paysage Le Champ de blanchiment près de Haarlem de Jacob Van Ruisdael. Vous pourrez profiter de votre visite pour aller jeter un coup d’œil sur le réaménagement de la collection permanente du MBA qui, sous la gouverne du directeur Guy Cogeval, s’enrichit de plus en plus d’œuvres importantes.
Jusqu’au 25 septembre
Au Musée des beaux-arts
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