Rentrée arts visuels : Un automne en art
Arts visuels

Rentrée arts visuels : Un automne en art

L’événement de la rentrée, c’est le passage d’artistes polonais dans quatre centres d’artistes de Québec. Cela sans compter le meilleur de l’art actuel dans les galeries et, en toile de fond, le MNBAQ pour la perspective historique.

Du 1er au 4 septembre se succéderont inaugurations, performances et discussions à la Chambre blanche, chez Vu, à l’Oil de poisson, à l’Îlot Fleurie, chez Rouje et au Lieu, instigateur de l’échange baptisé Villes anciennes/Art nouveau, dont c’est ici le second volet. Le premier avait permis à un groupe d’artistes de Québec de séjourner et d’exposer à Cracovie. Selon Richard Martel, chef d’orchestre de cet énième échange qui fait voir le monde aux artistes et le transporte jusqu’à nous, "il y aura de tout. C’est un portrait de l’art actuel en Pologne". De l’art alternatif surtout; la production d’artistes jeunes ou plus expérimentés, la plupart membres de différents collectifs ou associations. C’est donc une superbe occasion de s’enrichir de la connaissance de l’art actuel polonais. Selon Richard Martel, dont les relations dans le monde sont innombrables, la scène artistique de Cracovie est des plus actives. En fait, Cracovie, comme la Pologne, a une tradition d’art d’avant-garde. Sans compter que cette ville, "qui demeure une capitale intellectuelle importante en Europe", a aussi un passé prestigieux. Imaginez-vous que Copernic y a jadis enseigné. Bref, reste maintenant à découvrir les œuvres, photographies, vidéos, performances, peintures même, de tous ces artistes dont on pourra voir la production jusqu’au 2 octobre. Notez le lancement du livre de l’artiste et auteur polonais Jan Swidzinski, L’art et son contexte: au fait, qu’est-ce que l’art?, au Lieu le 13 octobre.

Au Musée national des beaux-arts du Québec, c’est en octobre que débutent les nouvelles expositions. L’automne s’annonce fort intéressant du côté de l’institution de la Grande Allée, qui poursuit ses incursions dans le monde de l’art contemporain, continue de mettre en valeur sa collection et de nous éclairer sur l’histoire de l’art du Québec. Dès le 6 octobre, Raconte-moi présente un collectif international d’artistes contemporains dont le travail offre une réflexion sur la narration. "Tel qu’abordé dans cette exposition, le geste de raconter croise le quotidien et traverse toutes les cultures. Des volets sonore et cinématographique s’ajouteront à l’exposition pour montrer les rapports extrêmement riches que l’art contemporain entretient, sur le plan expérimental, avec les mots, la parole, le son et l’image", relate le communiqué de presse. Raconte-moi regroupe 13 artistes de 6 pays différents, dont les Canadiens Janet Cardiff, Trévor Gould, Rober Racine et Pascal Grandmaison.

L’Épervier de Jean Paul Riopelle, lithographie, H.C., 65,7 x 83,4 cm, 1981. Photo: Coll. du MNBAQ. © Succession Jean Paul Riopelle/SODRAC (Montréal) 2005

Une des expositions les plus attendues reste sûrement Impressions sans fin, qui débute le 20 octobre et présente 160 des quelque 300 estampes réalisées par Riopelle pendant sa fulgurante carrière. C’est attendu parce que c’est Riopelle, mais aussi parce que son œuvre gravé est superbe. Le communiqué en dit davantage: "L’exposition vise à poser un regard d’envergure muséale sur cette production souvent laissée dans l’ombre des grandes réalisations picturales de Riopelle, lesquelles lui ont permis d’atteindre la reconnaissance internationale et le statut de peintre le plus important de l’histoire de l’art québécois." Enfin, la curiosité historique de l’automne, c’est l’exposition consacrée à Antoine Plamondon, dont c’était le 200e anniversaire de naissance en 2004. Plamondon (1804-1895) est une figure majeure de la peinture québécoise du XIXe siècle. On en apprendra davantage sur ce peintre de portraits, de scènes de genre et de peintures religieuses. Une autre exposition probablement fort instructive sera celle des dessins de l’illustrateur Edmond-Joseph Massicotte, à compter du 24 novembre, qui nous plongera dans la vie quotidienne du début du XXe siècle.

Nous irons au musée, mais aussi beaucoup dans les galeries. Nous nous rendrons au 36 pour faire nos pèlerinages esthétiques incontournables, chez Lacerte pour voir l’exposition d’œuvres récentes de Louis-Pierre Bougie dès le 10 septembre, chez Esthésio aussi pour découvrir les œuvres de Claire Beaulieu encore là jusqu’au 18 septembre ainsi que celles de Christine Major, dès le 23 septembre. La peintre a exposé récemment au Musée des beaux-arts de Montréal. Si vous vous intéressez à la production des artistes de Québec, sachez que le duo Cooke-Sasseville aura la grande galerie de l’Oil de poisson pour lui du 18 novembre au 18 décembre. Enfin, du 14 octobre au 20 novembre, on pourra voir Miniatures de Chantal Séguin chez Engramme, dans le cadre du 10e de Méduse. La communauté artistique fêtera d’ailleurs, du 14 au 16 octobre, cette décennie d’activités qui ont concouru à son rayonnement national et international.

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À surveiller : François Simard

François Simard

Il sait tout faire et il fait tout avec aisance! François Simard est peut-être un des peintres les plus talentueux de sa génération. Ex-travailleur saisonnier en sérigraphie industrielle (il imprimait des drapeaux), finissant sa maîtrise en arts visuels à l’Université Laval, François Simard présente un ensemble de grands tableaux à la Galerie des arts visuels du 5 au 11 septembre. Un vernissage aura lieu le 8 septembre. Ce peintre est un praticien exceptionnel, un artiste d’atelier dans le sens le plus fort du terme: "Je fais tout du début à la fin", précise-t-il. Faut-il le rappeler? Peindre, c’est construire le support, monter la toile, bâtir un chevalet géant, c’est "être" dans l’atelier. Et l’exécution du tableau se déroule parfois très rapidement… Ce n’est pas tout: peindre, c’est aussi une activité intellectuelle. La peinture pense et nous fait penser. Celle de François Simard est débordante d’improbabilités, de ruptures de tons, le lieu de sensations; elle est même drôle parfois! Il lit Kant et Heidegger? Il aime aussi être dérouté par ses propres tableaux: nous de même! Si leurs qualités sont multiples, une des principales, c’est de nous sembler inépuisables, se révélant à chaque rencontre un peu plus.