Jean Dallaire : Je me souviens
Arts visuels

Jean Dallaire : Je me souviens

La centaine de gouaches de Jean Dallaire (1916-1965) présentées à la Maison Hamel-Bruneau nous plongent dans les marges de l’œuvre de l’artiste. Dessiner à l’ONF dans les années 50.

Curiosité historique, pan mineur de la production de Jean Dallaire, les 106 gouaches sur carton, que l’on scrute une à une avec attention, sont une superbe démonstration du savoir-faire du fameux peintre. Bien davantage: ces dessins nous rapprochent de l’œuvre et de la vie de l’artiste. C’est la Galerie Montcalm de Gatineau qui a déniché, en 2000, les gouaches de Jean Dallaire conservées à l’Office national du film. Après une minutieuse sélection, la galerie les présente maintenant au public. Le motif d’une telle exposition? D’abord, parce que ce sont des dessins de Dallaire, mais aussi, comme l’explique la commissaire Dominique Laurent, "c’est important que les gens réalisent que les artistes doivent avoir un gagne-pain". Elle poursuit: "Dallaire n’aimait pas faire ça. Mais comme il disait à ses enfants: "Toute bonne chose mérite d’être bien faite."" Et cela est évident dans chacune de ses gouaches. On y retrouve un engagement et un grand respect pour la pratique du dessin. Voilà une superbe occasion d’exercer notre œil à une pratique qui ne se fait plus, ou très rarement.

Après quelques années d’enseignement à l’École des beaux-arts de Québec, Jean Dallaire retourne vivre à Hull, sa ville natale. Il sera alors illustrateur à l’ONF de 1952 à 1957, réalisant des films fixes à des fins pédagogiques. Le film fixe est l’ancêtre du diaporama, lui-même ancêtre du Power Point. Les séries sur l’histoire en Nouvelle-France, que l’on peut voir actuellement à la Maison Hamel-Bruneau, étaient d’abord destinées au ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration pour enseigner l’histoire du Canada aux immigrants. Elles furent également utilisées pour l’enseignement de l’histoire dans les écoles. Elles pourront donc rappeler des souvenirs à certains. Pendant ses années de travail à l’ONF, Jean Dallaire a fait plusieurs séries d’images: des séries sur la bienséance, sur la faune et la flore canadiennes, sur le ciel et la terre… Tout cela pique la curiosité! La centaine de gouaches qu’on peut voir nous plongent à la fois dans les marges de l’œuvre de Jean Dallaire et en plein cœur de l’histoire du Canada. Quelques moments illustrés par Dallaire? "LaSalle prend possession de la Louisiane en 1682", "En septembre 1758, Wolfe met le feu aux villages de la côte", "Jean Talon fait construire une brasserie à ses propres frais", ou encore "Géographes et auteurs, y compris Rabelais, se rendent à Saint-Malo pour rencontrer Cartier". Bref, tout cela est assez amusant.

Ces illustrations révèlent certains stéréotypes sur la représentation de l’histoire du Canada. Un des plus évidents: "Les Peaux-Rouges sont vraiment rouges", comme le rappelle la commissaire, qui n’a pas encore fini de faire des découvertes à fréquenter cette part marginale de la production de Dallaire. Mais encore, on reconnaît le dessin exceptionnel de Dallaire, son originalité aussi. Dominique Laurent précise: "Il y a beaucoup de liens entre ces gouaches et l’œuvre picturale de Jean Dallaire." On retrouve en effet la palette du peintre, des couleurs éclatantes. On devine ses sources: le peintre Krieghoff pour une scène de sport d’hiver; d’autres rappellent la peinture d’histoire. Dallaire applique la règle d’or, utilise abondamment la perspective, se réfère au cinéma: on retrouve là un plan américain; ici, un close-up… Ses dessins se rapprochent de la BD.

Pour les amateurs de la peinture de Jean Dallaire, cette exposition est une très belle occasion de découvrir un pan rarement considéré de la production du peintre; pour les autres, c’est une occasion de l’apprécier davantage et de découvrir un dessinateur faisant la démonstration d’une capacité d’adaptation remarquable. Et en plus, c’est probablement à cause de leurs qualités plastiques que ces gouaches sur carton ont encore un certain effet pédagogique…

Dallaire illustrateur: extraits des séries historiques
Jusqu’au 18 décembre
À la Maison Hamel-Bruneau
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BLOC-NOTES

Conférence

L’historien Jacques Lacoursière donnera une conférence sur les faits marquants de la Nouvelle-France, le mercredi 4 octobre à 19 h 30 à la Maison Hamel-Bruneau.

Inauguration

C’est l’ouverture officielle de la Maison Blanchette à la suite de rénovations importantes. La Maison, à la fois école d’art et lieu de diffusion, inaugure ses nouveaux locaux le vendredi 23 septembre prochain à 19 h 30. Une exposition des artistes de la galerie se tiendra jusqu’au 4 octobre.