L'homme est un loup pour l'homme
Arts visuels

L’homme est un loup pour l’homme

Pour le Mois de la photo, la galerie articule présente Disembodied, une exposition photo et vidéo de Carolee Shneemann.

Shneemann nous a longtemps parlé du corps féminin autofictionnel. Ici, c’est de tout autre chose dont il est question: on est dans l’allégorie de l’objectif de la caméra comme hachoir. La plupart des images sources proviennent de médias divers. Elles constituent un panorama de la condition humaine actuelle, de sa mécanique et de sa folie. De tendresse, aussi. Ces informations sont triées par Shneemann pour produire du nouveau matériel manipulé numériquement. Ses nouvelles œuvres parlent de l’urgence d’aborder sérieusement les enjeux compliqués auxquels font face nos sociétés. Les médias fragmentent l’information et nous laissent la tâche de faire le tri. Shneemann nous fait la même chose.

Disembodied réunit deux installations vidéo et une série d’œuvres prenant la photo comme toile de fond. À l’entrée de la galerie, il y a Caged Cats, qui nous présente un collage de textures et d’images pixélisées, montrant des chats encagés, presque fous, et des sauvetages dans des décombres d’habitations. Dans l’installation SNAFU (Situation Normal All Fucked Up U.S. Army W.W.II), de petits vêtements d’enfants aux couleurs passées, montent et descendent doucement devant une projection à la verticale, derrière: des chevaux, un derby, peut-être. DEVOUR est composé de deux télés et de deux écrans de projection. Surexposition, bruit blanc et parasites télé, bruits de vent, elle, des musiques. Il y a, entrecroisées, des images de soldats, d’un bébé au sein, de cadavres, de gens qui font l’amour. Et il y surtout Terminal Velocity: des séries d’effroyables images scannées de journaux et agrandies, de gens se jetant du haut du WTC, retravaillées à l’encre et à l’aquarelle.

Pour Shneeman, "toute l’information passe par le corps – l’esprit est un système de viande, et l’interprétation devient un moyen de déviation." Lorsque nous nous laissons absorber par une photo, notre mémoire et notre grille d’analyse enclenchent de nouveaux mécanismes perceptuels. Ici, les images et les corps médiatisés se voient transformées par l’artiste une fois fragmentées, retransformées encore, refragmentées puis remédiatisées.

Jusqu’au 23 octobre
À la galerie articule
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