Sentence sans titre : La cellule
Sentence sans titre est une installation percutante où les arts visuels et les lettres se rencontrent pour devenir de la poésie. Entretien avec les deux initiateurs du projet, Alain Fleurent et Pierre Labrie.
Avec ses murs de béton défraîchis, ses barreaux aux fenêtres et son ambiance inhospitalière, la Vieille Prison de Trois-Rivières se révèle un site intéressant à explorer pour un créateur. À l’annonce de la réouverture du pénitencier dans un but touristique, l’artiste Alain Fleurent et le poète Pierre Labrie ont senti le besoin d’investir les lieux pendant 48 heures. Accompagnés de quatre autres artistes de la région (Lynda Baril, Patrick Boulanger, Mylène Gervais et Carl Lacharité), ils ont donc entrepris à l’hiver 2002 le projet in situ Sentence sans titre. Trois ans plus tard, ils présentent le résultat final de leur expérience, soit six vidéos artistiques de sept ou huit minutes, dans le cadre du Festival international de la poésie.
"On regarde entre autres le Québec pour son Festival de la poésie. Une des forces au Québec, ça a été d’être des pionniers dans la façon de travailler l’oralité. On prend Miron et toute la gang… C’est là que la poésie québécoise a pris un essor en développant une façon de se livrer, explique Alain Fleurent. Puis nous autres, quand on a fait Sentence sans titre, on s’est dit: "On va faire la même chose. Mais comme on est à l’an 2000, on a plus d’outils. Donc, on va faire de la poésie, mais avec un aspect audiovisuel." Parce qu’il y en a eu plein, des films avec de la poésie en voix off ou en narration. Mais là, l’idée est que le langage audiovisuel soit comme un poème, que ça fasse un tout." L’écrivain Pierre Labrie complète: "On peut tout simplement dire qu’il n’est question ni de poème ni d’art visuel. Ce qu’on a fait, c’est ce qu’on appelle, au vrai sens du terme, de la poésie."
La poésie qui découle de leur travail est celle de l’isolement. Une atmosphère lourde, oppressante, produite par des images-chocs, des mots coups-de-poing et des sons (même le silence!) enregistrés directement dans l’univers de la prison. "On voulait quelque chose de très fort, puis on arrive vraiment à quelque chose de fort, soutient Pierre Labrie. On n’est pas arrivés ici comme sur un tournage. On s’est laissé imprégner des lieux."
Alain Fleurent, qui compare le collectif à un Projet Blair poétique, annonce déjà que la demi-douzaine de films se retrouvera sur un DVD lancé fort probablement en novembre prochain. Avec celui-ci, ils tenteront de dénicher un nouveau public pour l’art. Une histoire à suivre.
Jusqu’au 9 octobre
À la Vieille Prison de Trois-Rivières
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