LES INTÉRIEURS APPRIVOISÉS : Notes Arts visuels
Depuis la semaine dernière, Langage Plus présente l’exposition Les Intérieurs apprivoisés, de l’artiste Dgino Cantin. Cet intérieur, celui de la galerie, que s’est approprié l’artiste, est peuplé d’une faune étrange formée d’objets qu’on devra, oui, apprivoiser. Des objets d’une "familière étrangeté", pour voler les mots de la bouche de l’artiste. Sont-ce des sculptures? Des bibelots? Des objets utilitaires? Des trophées de chasse? Dans cet univers mi-connu, qui semble juste un peu dévoyé du nôtre, on s’accroche aux parcelles de terrain connu où se pressent les "ça ressemble à…". Par des manipulations poétiques, l’artiste métamorphose des objets du quotidien. Par des associations, des collages, des fragmentations, il dévie les objets de leur destin tout tracé, il en fait d’étranges choses, de nouveaux objets-valises nés de la rencontre, de l’apprivoisement et enfin, de la fonte de plusieurs objets loin d’être faits l’un pour l’autre au départ. Des poignées de bois, des tuyaux, des anses donnent l’impression que l’objet est utile. Oui, mais à quoi? Çà et là, des excroissances stimulent l’imagination. "C’est un éléphant", dira le petit Louis, deux ans, devant une sorte de tabernacle sur pattes, vaguement indien, muni d’un boyau d’aspirateur. "Chaque îlot est un petit poème", remarque l’artiste. En effet, on peut passer de longs moments, presque méditatifs, dans ce monde un peu désaxé du nôtre, plutôt gentil, à se faire de petites histoires devant une île flottante en forme de pelote porte-épingles qui ressemble délicieusement à un gâteau surmonté de crème fouettée.