Raconte-moi : Dis-moi tout
Arts visuels

Raconte-moi : Dis-moi tout

Raconte-moi, c’est l’exposition d’art actuel de l’automne au Musée national des beaux-arts du Québec. Chic éloge du récit  réinventé.

Raconte-moi

nous met en contact avec les productions actuelles qui proposent de nouvelles modalités du récit. Comme l’écrit Marie Fraser, commissaire de l’exposition: "Les artistes ne cherchent plus à représenter un récit ou à mettre en scène des histoires au sens strict du terme, mais à produire quelque chose de narratif." Des scénarios ouverts ou délicieusement équivoques: ici, pas d’histoire cousue d’avance! C’est peut-être à nous qu’appartient le dénouement. Des propositions qu’on emporte avec soi et qui nous font penser que chaque histoire a une grande valeur; et chaque vie, sa portée poétique. Comme devant toute œuvre d’art, on ne peut que d’abord les envisager pour les sensations qu’elles procurent et se laisser bercer par leurs effets. À cet égard, il y a dans cette exposition quelques œuvres remarquables. D’abord, l’installation de Janet Cardiff et George Bures Miller présentée dans la Salle 1 du Musée. The Berlin Files (2003) est un superbe film de 12 min 40 s qu’il faut voir du début à la fin. Ne serait-ce que pour entendre l’extrait de Rock’n’Roll Suicide de David Bowie, pour l’expérience sonore, pour la qualité exceptionnelle des images et pour la façon dont elles sont liées entre elles.

Il faut voir aussi l’imposante installation vidéo de Melik Ohanian Seven Minutes Before. L’artiste français s’impose avec sept écrans donnant autant de points de vue sur un événement. Là encore, il faut prendre le temps d’écouter ce film complexe et étonnant. Quant aux diaporamas de Francis Alÿs, ils s’abordent plus simplement. Les propositions sobres de l’artiste belge vivant à Mexico sont portées par des préoccupations sociales et l’installation en est l’écho: les photographies de marchands transportant leur matériel et celles d’itinérants et de chiens dormant sont projetées sur le mur tout près du sol. Bien davantage d’attention sera nécessaire cependant pour apprécier la bande sonore de Dominique Gonzalez-Foerster et Christophe Van Huffel, comme celle de Dominique Petitgand. Quant aux sympathiques films de l’artiste albanais Anri Sala et à ceux de l’Anglais Gilliam Wearing, ils se confondent nettement avec le film documentaire. Autre œuvre marquante: la vidéo de la Luxembourgeoise Su-Mei Tse, où l’artiste joue du violoncelle dans un décor fictif et féerique. Il faudra aussi voir la rétrospective de films de l’artiste canadien vétéran de ce collectif, Michael Snow. Puisque, comme le rappelle la commissaire, "raconter prend du temps", c’est surtout de l’attention qu’exigent de nous ces œuvres pour se livrer pleinement.

Cette exposition internationale est une coproduction du MNBAQ et du Casino Luxembourg, un ancien casino transformé en forum d’art contemporain. Raconte-moi y sera présentée à compter de juin 2006. Pour Lyne Ouellette, directrice des expositions au Musée national des beaux-arts, "cette exposition est une façon d’inscrire la pratique d’artistes québécois dans les pratiques contemporaines internationales". C’est ainsi qu’on peut voir un film introspectif du vidéaste Pascal Grandmaison, un des deux artistes québécois de ce collectif. Cette exposition est aussi l’occasion de revoir l’exotique Girafe nubienne du Canadien Trevor Gould. La sculpture – qui fait partie de la collection du Musée -, ainsi qu’un ensemble d’aquarelles, détonnent joyeusement dans cet environnement sophistiqué d’installations vidéo. Enfin, la proposition de Rober Racine, quant à elle, révèle une part intimiste du travail d’écrivain de l’artiste qui a jadis découpé les mots du dictionnaire et pratiqué la performance d’une manière majestueuse. Ici, Rober Racine présente ses croquis, menus objets, notes et autres petits collages ayant précédé et servi à l’écriture de ses deux romans. Sa proposition, qui raconte l’univers du créateur, complète d’ailleurs avec une touche minimaliste cet ensemble d’œuvres qui, plus que tout, nous raconte un moment de l’art contemporain.

Jusqu’au 9 avril 2006
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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BLOC-NOTES

Lancement

Lancement du livre de Jan Swidzinski L’Art et son contexte: au fait, qu’est-ce que l’art?, le jeudi 13 octobre entre 17 h et 19 h. L’artiste et auteur polonais fera aussi une performance. Au Lieu.

Vernissages

À la Galerie des arts visuels de l’Université Laval, Louise Paillé présente Les Travaux et les Jours. Inauguration le 13 octobre dès 16 h. L’installation se poursuit jusqu’au 6 novembre.

Inauguration de l’exposition des œuvres récentes du peintre François Vincent, le samedi 15 octobre. Chez Madeleine Lacerte, de 14 h à 17 h.