Peter Krausz : La vie devant soi
Arts visuels

Peter Krausz : La vie devant soi

(Sans) Horizon, une exposition de Peter Krausz, explore les cycles des morts et des renaissances.

Dans le titre se trouve déjà l’idée de l’expo: la métaphore d’un espace infini qui contient les désirs et leur potentiel de réalisation. (Sans) Horizon signifie aussi la perte de cet horizon et l’idée du néant. Les œuvres ici réunies constituent un panorama du travail de Krausz au cours des 15 dernières années, un travail qui parle du temps qui passe et ne se retourne pas.

Ciel de plomb est une œuvre sombre composée de 70 plaques de plomb peintes à l’acrylique: des crépuscules nuageux, des dates et des villes. Nancy 1942, Manosque 1455… Il s’agit d’événements souvent dramatiques jalonnant l’histoire juive en France au cours des 2000 dernières années. Le Chant de la Terre #1 (inspiré de Mahler) est pour sa part constitué de 22 pièces peintes avec des pigments, directement sur bois. Il s’agit de vues fragmentées d’un de ces paysages siciliens lumineux si chers à l’artiste.

Le Chant de la Terre (Hommage à Y.G.) reprend le même paysage, cette fois dans une très grande murale, dessiné au fusain sur 96 feuilles. Agenda (Paysage humain) est une mosaïque de 96 dessins sur papier de femmes et d’hommes, présentée pour la première fois. Des corps, surtout des visages. En bas, dans le coin droit, un autoportrait. Chaque esquisse est datée et les plus récentes ont été dessinées deux jours avant l’inauguration. Les six photographies en couleurs de Suite roumaine nous plongent dans la beauté tragique et solennelle des funérailles d’une jeune femme (est-elle en robe de mariée?). Par leur composition et le jeu des regards, ces images rappellent les pietà et les descentes de croix de la peinture traditionnelle.

Landscape and Memory: Seasons no 1, 2, 3, 4 renvoie à une autre des préoccupations traversant tout le travail de Krausz, celle de l’accumulation et de la collection. Des catalogues trouvés d’échantillons de tissus provenant d’une usine textile allemande sont soigneusement classés par saison et par année (de 1872 à 1939) sur les tablettes de quatre bibliothèques.

La grande qualité de cette exposition est de nous montrer les différentes techniques qu’utilise Krausz et des facettes de son travail qu’on ne voit jamais. Elle est une réflexion sur les cycles des morts et des renaissances, sur la nature qui nous survit en recouvrant tout. www.expo.umontreal.ca

Jusqu’au 27 octobre
Au Centre d’exposition de l’Université de Montréal
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