Marie-Kim Lavigne : Illumination
Arts visuels

Marie-Kim Lavigne : Illumination

Dizygote de Marie-Kim Lavigne, c’est une galerie de portraits de faux jumeaux. Quand une fille prend la caméra.

Marie-Kim Lavigne

présente chez Rouje un groupe de portraits qu’elle a trafiqués pour créer de faux jumeaux, jouant sur les limites du vrai et du faux. Elle occupe l’espace de Rouje d’une manière remarquable en se servant à la fois des conventions d’exposition comme de celles de l’installation. Ce sont des impressions numériques sobres et justes doublées de lumières clignotantes et multicolores, de guirlandes de petites ampoules bleutées fixées aux cimaises, de boîtes lumineuses fixées aux murs: des éléments lumineux essentiels qui viennent recharger les photographies. L’utilisation de systèmes de lumière dans l’art est autorisée depuis longtemps déjà, au moins depuis les premiers tubes fluorescents de Joseph Kosuth dans les années 60. Pourtant, rares sont les artistes qui utilisent les éléments lumineux comme matériau. On en apprécie toute la richesse entre les mains de Marie-Kim Lavigne. Elle a sa façon bien à elle de les utiliser. Mais encore, ces joyeux dispositifs de lumière font de cette installation une œuvre contre l’austérité. Leur présence dans l’espace est aussi un pont entre la fiction et le réel; on les retrouve à la fois dans les photographies et dans l’espace d’exposition. L’effet est d’autant plus remarquable que le soir, l’installation est dotée d’une seconde vie. Marie-Kim Lavigne a en effet pris parfaitement parti des spécificités de ce lieu.

La photographie est une affaire de lumière certes, et de séduction aussi. Cela apparaît avec évidence devant cette galerie d’hommes judicieusement choisis, des choix complètement assumés par l’artiste. "J’utilise les gars par préférence", dira Marie-Kim Lavigne. Cet ensemble de portraits fait sourire et charme, surtout par le choix des sujets. Là, on reconnaît un sculpteur, ici un peintre. Même le propriétaire de la galerie Rouje s’est prêté au jeu. Ces faux jumeaux sont le résultat d’un travail de manipulation par ordinateur, finement réalisé. Équivoque. Ne reprenant jamais tout à fait le même procédé, Marie-Kim Lavigne a travaillé la symétrie des visages, faisant un jumeau avec deux moitiés gauches du visage ou inversant totalement l’image. Le résultat reste volontiers dans l’univers des apparences et des formes, sans velléité de profondeur psychologique, comme on le constate aussi dans plusieurs productions photographiques actuelles. Il faut voir cette installation photographique de Marie-Kim Lavigne parce que c’est un des premiers solos de cette jeune artiste dont on attend déjà la prochaine proposition. Quelques-uns de ses projets? Faire des portraits d’artistes dans leur atelier, poursuivre son exploration de dispositifs lumineux – comme elle le fait depuis le début de son travail de création – et, comme elle le dit précisément: "faire de l’esthétique encore plus formaliste". On ne demande pas mieux.

Dizygote de Marie-Kim Lavigne
Jusqu’au 23 octobre
À la galerie Rouje
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BLOC-NOTES

La nouvelle performance au Saguenay

Pendant les prochaines semaines, le Lieu présente une série de soirées sur les nouvelles pratiques de la performance au Québec. Le cycle commence le vendredi 21 octobre en soirée, avec les performances d’artistes vivant à Saguenay. Marilou Desbiens, Émilie Huot, Guillaume Langlois et Marie-Ange Thériault. Quatre artistes sélectionnés par Francis O’Shaughnessy et Michaël Lachance.

Artificiel et monstrueux?

Eduardo Kac, artiste internationalement reconnu notamment pour avoir injecté, en 2000, la protéine PVF à un lapin, baptisé Alba, devenu depuis vert fluo et assez célèbre… On appelle cela du "bio art"! Ses projets délibérément controversés questionnent l’implication des technologies transgéniques. L’artiste prononcera une conférence sur ses recherches récentes concernant la "responsabilité éthique que l’art transgénique doit, selon lui, promouvoir", tel qu’on peut le lire dans le communiqué de la Chambre blanche, organisateur de l’événement. "Téléprésence et bio art: des humains, des lapins et des robots en réseau" au Musée de la civilisation, le mardi 25 octobre à 19 h 30. La conférence se déroulera en français. Admission générale: 3 $. Par la même occasion, Eduardo Kac dédicacera son premier livre publié aux éditions University Michigan Press.

Ateliers de création au MNBAQ

Dernier samedi d’ateliers de création, le 23 octobre en après-midi (13 h, 14 h et 15 h), en marge de l’exposition d’art actuel Raconte-moi. Ces Cabinets mystérieux s’inspirent de l’œuvre de Rober Racine. Les ateliers sont gratuits et ouverts à tous.

Vernissages

Le samedi 22 octobre à 14 h chez Esthésio, inauguration de l’exposition des sculptures, encres sur papier et dessins récents de François Morelli.

Dimanche, 23 octobre, à 14 h, à la Galerie Linda Verge, inauguration de l’exposition des pastels récents de Claude Pelletier. L’exposition Encrage se poursuit jusqu’au 16 novembre.