Cécile Boucher : Les portraits reconnus
Cécile Boucher nous amène à nous questionner sur nos rapports sociaux dans une société techno-mutante, avec Cadences, ses nouvelles œuvres présentées au Centre d’exposition L’Imagier.
Ce n’est pas nouveau, les œuvres de Cécile Boucher font habituellement allusion ou appel aux nouvelles technologies, mais non comme des supports autoréférentiels sans lien apparent avec les spectateurs, qui sont alors responsables d’établir ou même de trouver un rapprochement trop souvent factice avec leur propre réalité. Les œuvres de Boucher proposent éloquemment des compositions: constats de recherches personnelles portant sur l’impact des nouvelles technologies sur l’idée d’identité.
Dans cette exposition, Boucher nous montre une série d’installations photographiques qui tissent des rapports entre le transport en commun et l’individualité. Plus concrètement, ce sont de grandes impressions numériques de photographies d’autobus en toile de fond qui sont fondues avec des reproductions, en avant-plan, de messages tirés de vieilles cartes postales (de 1905 à 1915). Montés à la verticale, face aux images, des portraits viennent compléter l’ensemble visuel de chaque œuvre. Enfin, chacune est accompagnée d’une composante sonore où les textes des cartes postales sont récités dans une langue étrangère et différente pour chacune.
Dans la mini-galerie, nous pouvons voir 10 sculptures «témoins de notre société préoccupée par les valeurs matérielles». |
Les portraits, de prime abord, semblent banals et découvrent des visages étranges et reconstruits. Clins d’œil à un monde techno-mutant, où l’identité et l’individualité sont la même chose, ces portraits bien en face du spectateur ne nous dérangent pas parce qu’ils sont étranges, mais parce qu’ils sont devenus trop normaux. Les lieux évoqués par les cartes postales, les textes et les autobus – lieux où chacun peut se fondre dans l’anonymat sans disparaître pour autant – contribuent à faciliter la présence de ces portraits qui devraient pourtant nous déranger. Les installations de Boucher nous confrontent à l’idée de la perte graduelle de nos repères sociaux.
Ce lieu de mixage et de cohabitation, que nous compose Cécile Boucher, n’en est-il pas un qui soulève l’idée de ces rapports en mutation dans un environnement de plus en plus cybernétique? Ces rapports ne puisent-ils pas seulement leur sens dans une logique du marché qui crée, malgré les promesses du marché des technos de communication, de plus en plus d’isolement?
Soulignons seulement que Cécile Boucher ne tente pas de s’attaquer aux nouvelles technologies, mais questionne leur contexte avec humanité.
De plus, dans la mini-galerie, nous pouvons voir 10 sculptures "témoins de notre société préoccupée par les valeurs matérielles".
Jusqu’au 6 novembre
Au Centre d’exposition L’Imagier
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