Faites trois souhaits : Prière contemporaine
Arts visuels

Faites trois souhaits : Prière contemporaine

Dans Faites trois souhaits, la Colombienne Helena Martin Franco confronte le sacré et l’esprit de consommation. Ce jumelage surprenant ébranlera sans doute quelques visiteurs aux valeurs puritaines.

L’Espace 0… 3/4 de l’Atelier Silex semble avoir été pris d’assaut par une horde de publicistes. Tous ses murs sont tapissés d’affiches, des photographies très colorées surchargées d’objets inutiles dont la disposition renvoie au sacré. Là, les madones ont le corps des déesses de magazines pornographiques, les gadgets à un dollar deviennent des symboles religieux.

Dans l’exposition Faites trois souhaits, la Colombienne Helena Martin Franco, qui a choisi le Québec comme terre d’accueil il y a un peu moins de 10 ans, fait état de sa réflexion sur la place d’une éducation religieuse dans une société de consommation. Une cogitation amorcée dans son pays d’origine où le catholicisme règne en force. "Il y a comme une transposition de valeurs. Les centres commerciaux deviennent les nouvelles églises. C’est aussi le fait de parler de tout ça au moment où je suis en train de construire ma nouvelle identité. Qu’est-ce que j’ai laissé en arrière? Qu’est-ce que je viens découvrir ici? Qu’est-ce qui se construit au moment où je bâtis mon histoire ici?" explique la jolie dame avec un léger accent espagnol. Cette réalité québécoise l’a-t-elle secouée un peu? "Je mettais déjà en question toutes ces valeurs-là. Alors, quand je suis arrivée, j’ai trouvé que le Québec était une place qui me permettait d’aller plus loin dans mes réflexions. Ici, il y avait déjà eu un très grand questionnement par rapport à l’Église."

À travers ses œuvres photographiques, l’immigrante ne porte aucun jugement sur le chevauchement de valeurs. Elle expose seulement. "Je propose que toutes ces choses se mélangent. Moi, je n’ai pas la nostalgie d’une religion qu’on ne pratique plus. La religion a voulu nous imposer des stéréotypes et maintenant ce sont les commerces. Il y a une complicité entre ces deux mondes liés à notre style de vie." Une complicité, oui. Mais il existe aussi une dualité, surtout en ce qui concerne l’image de la femme. D’un côté, on la voudrait parfaite, de l’autre, aguichante et sulfureuse. C’est d’ailleurs une autre thématique qu’Helena Martin Franco aime fouiller. Cela explique l’omniprésence de la femme dans son travail.

L’artiste marche sur la ligne fragile entre la tradition et la modernité. Elle photographie des objets achetés dans des boutiques à un dollar, des items rigolos de consommation rapide. Ainsi, elle peut réunir sur un même cliché une Barbie, un ours en plastique, une tortue, une photo passeport d’elle-même. "Je travaille aussi à partir d’icônes religieuses: les couleurs du fond, les images de vierges, les éléments qui les entourent et qui sont symboliques, comme les animaux, qui sont des allégories représentant des vertus ou des péchés. "

Jusqu’au 9 novembre
À l’Atelier Silex
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