Arts visuels

Michel Villeneuve, Géopoétique: dérives et territoires, Ah bien merde! : Notes Arts visuels

DESSINS IMAGINAIRES

Jusqu’au 13 novembre, on a rendez-vous, à l’Hôtel de ville de Larouche, avec un monde étrange et sympathique, à mi-chemin entre le rêve et le vagabondage de l’esprit. En se plongeant dans les Dessins imaginaires de Michel Villeneuve, on fait d’heureuses rencontres avec de drôles de bêtes de poils et de plumes entourées, voire enchevêtrées, de musique et de végétations, de valons et de coquillages, de serpentins, de carrelage, d’astres ou de petites pierres… Autant de minutieuses enluminures brodées de détails infinis, pouvant presque rappeler l’esthétique du style Art nouveau du début du XXe siècle. Réalisés au crayon à l’encre noire, parfois parsemés ou soulignés de touches de couleur, les dessins de Michel Villeneuve sont de l’ordre du "dessin automatique", comme il le dit lui-même. "Lorsque je m’installe pour dessiner, le matin, très tôt, je ne sais pas au départ ce que ça va donner. On dirait que c’est mon intérieur qui sort et qui va sur le papier. J’ai tellement d’idées en me levant, c’est toute ma nuit qui se déroule dans mes dessins", raconte-t-il. La contemplation d’un tableau de Michel Villeneuve est en effet comme un voyage onirique, un grand saut dans l’enfance, celle où cohabitent des bestioles fantastiques, des fleurs, des joies et des peurs. "As-tu remarqué que toutes mes bêtes sourient? Elles ne sont pas inquiétantes", note l’artiste. Sensible, fortement inspiré par la musique et les oiseaux, en qui il reconnaît son père, Arthur Villeneuve, Michel Villeneuve laisse parler son imaginaire depuis 1997. "À la mort de mon père, je lui ai demandé qu’il me donne un peu de sa sagesse, de son talent… C’est arrivé tout d’un coup, six ans plus tard, je me suis mis à dessiner sur des serviettes de restaurant et je n’ai plus jamais arrêté." Encouragé par des proches et des spécialistes en art qui ont cru en son talent, Michel Villeneuve vient donc de se décider à sortir ses dessins du sous-sol pour une première exposition, qui semble ne pas vouloir être la dernière!

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GÉOPOÉTIQUE: DÉRIVES ET TERRITOIRES

En finale de Trafic’Art, cet événement majeur débuté en août, Séquence propose Géopoétique: dérives et territoires. Regroupant les artistes ayant participé à cette troisième édition de Trafic’Art, l’exposition présente des traces, des indices, des marques des projets réalisés par chacun tout au cours de l’événement. Parfois éphémères, comme les manœuvres, interventions et performances, parfois in situ, comme ces miroirs formant une Grande Ourse sur les rives de la rivière Rupert, au nord du 51e parallèle (Reno Salvail et Noémie Payant-Hébert), ou ces dizaines de chaises installées à côté du pont Dubuc (Yves Tremblay), les œuvres de Trafic’Art, de par l’essence du sujet de l’événement – le territoire -, ne sauraient être transportées dans une galerie. C’est pourquoi chaque artiste a choisi la trace, l’artéfact ou le souvenir qu’il voulait laisser au public. Un dossier d’artiste, fruit d’une performance de Carl Bouchard et de Martin Dufrasne, leur permettra de faire une percée dans le vaste territoire du devenir. Les verres ramassant l’eau de pluie de Claudine Cotton, installés au cimetière Saint-François-Xavier et répondant aux verres à shooter de sa performance au Bistrot des anges, investissent plutôt le territoire du souvenir. Des sacs de jute remplis de pierres forment L’Île à l’envers d’Alain Laroche et Jocelyn Maltais d’Interaction Qui. Faisant écho au fameux Tacon-site des routes d’eau installé cet été sur le passage des premiers colons, les sacs reflètent ce qui forge l’identité des gens d’ici. Guy Blackburn et Marie-Ange Thériault ont laissé les instruments de leurs expériences poético-scientifiques sur des pigeons. Sous une tente de fortune, un lit d’hôpital jonché d’outils qui ont servi à gaver les pigeons de l’ADN provenant de la photo des artistes. Évidemment, les pigeons n’y sont plus. Ils sont partis transmettre ces gènes de par le monde.

Dans la galerie, encore maints objets, installations, photos et vidéos témoignent. Belle synthèse, jusqu’au 13 novembre à Séquence.

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AH BIEN MERDE!

D’ailleurs, une des artistes participant à Trafic’Art et exposant à Séquence est aussi en solo à l’Espace Tryptik. Du collectif Médium: Marge, Nadia Bertrand présente Ah bien merde!, une exposition dans laquelle elle "revient à ses premières amours, la peinture", mentionne-t-elle. Sur les murs de Tryptik, des œuvres colorées, des jaunes, des rouges, des orangés, des œuvres ludiques où la peinture, oui, est certes très présente, mais s’intègre habituellement à des collages formés d’objets de toutes sortes: perles, plumes, peignes, fleurs, fil, fourchette… Même le support de l’œuvre participe à cette récupération d’objets: des planches de plywood, des boîtes, un drap fleuri… Les titres, parfois évocateurs, parfois mystérieux, forment un petit poème avec l’œuvre qu’ils coiffent. Jusqu’au 4 novembre à Tryptik.