Riopelle. Impressions sans fin : OEuvres sur papier
Riopelle. Impressions sans fin nous en apprend un peu plus sur ce géant de l’art du XXe siècle. Encore et toujours.
Riopelle a eu une production gravée immense: il a pratiqué la gravure dès les années 60. Pour cette exposition, le Musée national des beaux-arts du Québec a sorti de ses réserves quelques centaines de ses œuvres sur papier, un ensemble présenté pour la première fois. Cela est rare et d’un grand intérêt. Pour les connaisseurs comme pour ceux et celles qui découvrent l’artiste. Riopelle? Encore Riopelle? "Pour nous, Riopelle sera toujours un horizon", dira le directeur du Musée, John R. Porter. Force est de reconnaître que le Musée n’a jamais cessé de collectionner l’œuvre de Riopelle, même quand l’artiste n’était plus au cœur de l’actualité artistique. L’exposition de centaines d’estampes nous permet ainsi d’apprécier l’envergure de la production gravée de Riopelle. Et devant l’abondance et la richesse des œuvres, on fait: Quel travail immense! Quel amour de l’art! Quel amour de la nature!
Sur cet ensemble de gravures, le commissaire de l’exposition, Bernard Lamarche – délaissant pour un temps le chapeau de critique d’art -, a posé un regard d’historien fouillant les ramifications des œuvres sur papier du plus célèbre des peintres québécois. On peut lire le résultat de ses recherches dans le très beau catalogue qui accompagne l’exposition. Ce n’est pas étonnant d’apprendre que Riopelle n’en fait qu’à sa tête avec les techniques de l’estampe, se permettant tous les écarts, puisant sans répit à même sa production. Cela nous fait apprécier toutes les libertés qu’a prises l’artiste. On est enchantée devant les très grandes lithographies – devant la Suite guerrière de 1972, devant son bestiaire -, enchantée devant l’ampleur de l’œuvre.
Cette exposition a le mérite de bousculer quelques idées reçues à propos de l’art et des artistes. Comme l’explique Line Ouellet, à la direction du projet: "Souvent, la gravure est confinée au cabinet d’estampes. On lui a donné la place que l’on donnerait à la peinture." La gravure, art du multiple (certaines des œuvres de Riopelle ont été imprimées jusqu’à 75 exemplaires), a permis une grande diffusion de son œuvre. Enfin, à la vue de toute cette production qui a occupé Riopelle pendant des décennies, on doit admettre que l’œuvre d’un artiste existe et perdure bien au-delà des grands moments qui ont marqué l’histoire de l’art. Maintenant que s’éloignent peu à peu de nous les enjeux de l’art du XXe siècle, on est désormais invités à apprécier l’œuvre de Riopelle dans sa totalité, comme une part incontournable de notre patrimoine.
Jusqu’au 8 janvier 2006
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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BLOC-NOTES
ENCORE RIOPELLE?
Le MNBAQ s’est enrichi récemment d’un petit carnet de dessins que Riopelle a réalisés en 1946, alors qu’il avait 23 ans. Dix-sept superbes aquarelles témoins de ses premières explorations "automatistes". Ce carnet, Riopelle l’a offert en 1986 à la peintre Marie Roberge. C’est cette dernière qui l’a vendu au MNBAQ. Par la même occasion, elle publie aux éditions Lanctôt un petit livre reproduisant les dessins de Riopelle, où elle relate son "histoire" avec le célèbre peintre. La chose n’est pas parfaite, les textes pullulent d’anecdotes, connues et moins connues, et de lieux communs historiques. Mais le texte, qui s’affiche volontiers en marge du commentaire savant, est tout à fait distrayant. Reste qu’il s’agit, pour le moment, de la meilleure façon de prendre connaissance de ce cahier de croquis précieusement conservé sous verre au Musée, dans la Salle Riopelle. Le Carnet de Riopelle, textes de Marie Roberge, Lanctôt Éditeur, 58 pages: une curiosité qui surfe sur la vague.
TOUJOURS RIOPELLE
Le deuxième tome du catalogue raisonné de l’œuvre de Riopelle vient de paraître chez Hibou Éditeurs. Il répertorie près de 400 gravures de Riopelle réalisées entre 1964 et 2001. Ce n’est pas tout: parallèlement à l’exposition du MNBAQ, quelques expositions des œuvres de Riopelle ont lieu. À Québec, on peut voir une vingtaine de ses estampes à la Galerie Estampe-Plus, jusqu’au 27 novembre.
LE PRIX DE LA FONDATION MONIQUE ET ROBERT PARIZEAU
L’estampe est à l’honneur au MNBAQ. Depuis 2002, le prix de la fondation Parizeau est attribué à un artiste pratiquant l’estampe. Le prix comprend une bourse, un montant attribué au Musée pour l’acquisition d’œuvres du lauréat et la publication d’un ouvrage. Le prix de cette année a été attribué à Louis-Pierre Bougie, dont on a récemment vu les œuvres chez Madeleine Lacerte. Un beau livre sur la production gravée de la récipiendaire de 2004, Francine Simonin, également une des artistes de la galerie Lacerte, vient de paraître.