Alexandre Castonguay et Sylvie Bouchard : Passage technique
Arts visuels

Alexandre Castonguay et Sylvie Bouchard : Passage technique

Alexandre Castonguay et Sylvie Bouchard sont à l’affiche du MAC. Mi-figue, mi-raisin.

Alors que se poursuit l’exposition Territoires urbains, qui regroupe six importants photographes montréalais, deux autres événements sont à l’affiche du Musée d’art contemporain. Deux présentations où la technique l’emporte un peu trop sur la réflexion intellectuelle.

Dans la Salle des projets, l’artiste Alexandre Castonguay présente une installation à la fine pointe de la technologie dans son mécanisme interne (caché dans une pièce attenante), mais qui se donne des allures archaïques. Dans Éléments, l’artiste a récupéré de vieux projecteurs de films 16 mm dont il se sert pour une mise en scène où le spectateur devient le point de mire. Dans cette structure, le visiteur trouve en effet son image captée par de petites caméras qui démultiplient sa personne sur les murs grâce aux projecteurs. Par l’intermédiaire de la technologie, ces images sont transformées, ici dans une sorte d’écran aquatique, là dans une image floue, dans un troisième cas le visiteur se trouve comme cristallisé, dans un quatrième il est comme saupoudré de neige, dans un autre il n’est plus qu’une trace fugitive. À toutes ces transformations, on peut en ajouter une dernière, tout un système d’ombres, celles que crée le spectateur en passant à travers les faisceaux des projecteurs.

Voilà un répertoire d’images qui ne manque pas de qualités esthétiques, mais qui malheureusement ne présente rien de très riche sur le plan du contenu. Bien sûr, cela noue et renoue des liens avec la camera obscura, avec les débuts du cinéma, avec les screen savers… Mais comme c’est le cas avec ces gadgets d’ordinateur, le spectateur est surpris quelques instants, puis se lasse rapidement.

SYLVIE BOUCHARD

J’ai beaucoup aimé la peinture de Sylvie Bouchard dans les années 80 et au début des années 90. À l’époque, avec le travail de Pierre Dorion, elle me semblait incarner un intelligent retour à la figuration. Comme chez Dorion, la notion de mémoire se trouvait interpellée par la peinture. Mais depuis quelques années, j’ai souvent des problèmes à suivre le processus créatif de Bouchard. Son travail s’assagit, devient de plus en plus posé et d’un réalisme bon ton. Le talent est toujours là, indéniable. Parfois, comme dans Seuil (2003), on perçoit bien qu’avec très peu de moyens, elle sait construire une peinture. Mais je reste déçu devant une série comme Sentinelle (2004-2005), composée de cinq tableaux qui sentent bien trop les exercices académiques, avec le travail sur le drapé, sur la sphère, sur l’éclairage dramatique…

Dans cette rétrospective, l’amateur pourra néanmoins constater que les œuvres plus anciennes n’ont absolument pas vieilli. Par exemple, devant le portrait du Jeune fumeur (1992), j’ai retrouvé tout le plaisir que j’avais eu il y a quelques années, le sentiment que cette peintre savait allier un héritage pictural moderne, une peinture plus classique, mais aussi un univers visuel très contemporain (son tableau évoque un imaginaire publicitaire entourant la cigarette, revu et corrigé avec doigté).

Jusqu’au 8 janvier 2006
Au Musée d’art contemporain
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