Arts visuels

Jason Arsenault, Mathilde Martel-Coutu, Chris Curreri : Notes Arts visuels

VOIR ET ÊTRE VU

Après une résidence de trois semaines entre les murs de l’Espace virtuel, Jason Arsenault nous présentera le fruit de son travail, Vicarius, lors d’un vernissage qui aura lieu le 24 novembre. Il a vécu son expérience comme un laboratoire lui permettant de s’engager sur des pistes de travail inédites, sortant d’un art strictement médiatique pour plutôt intégrer l’image vidéo dans une structure. Ses installations mettront au premier plan les spectateurs, qui deviendront, par différents procédés simples mais ingénieux, à la fois "regardants et regardés". "Parfois, on se demande si les gens préfèrent voir le vrai à travers la télé", affirme-t-il. Une interrogation tout à fait actuelle… Son travail, d’abord formel, s’intéresse au quotidien et cherche à développer une sensibilité chez ceux qui visiteront l’exposition. Selon lui, l’image en mouvement peut être perçue autrement que dans cette structure narrative à laquelle nous sommes habitués. Plutôt que de tout donner, ses œuvres sont en quête de sens. Il suffit d’entrer dans son monde pour y contribuer.

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DES OEUVRES TOUCHANTES

Au même moment, dans la Salle II, nous pourrons caresser du regard le projet de Mathilde Martel-Coutu, qui entretient un rapport artistique particulier au corps. Avec Le Blanc du corps, elle s’intéresse à l’espace de la peau d’un point de vue pictural et photographique. Que la peau soit veloutée ou rugueuse, délicate ou épaisse, elle est souvent imparfaite, voire signée par cette imperfection. C’est en quelque sorte un accident qui a mis l’artiste sur la piste de ce travail, projet final de sa maîtrise en création à l’UQAC: la peinture versée sur du verre et séchée se desquame en fines membranes rappelant étrangement l’aspect de l’épiderme. Martel-Coutu tente aussi de voir comment elle peut traiter différemment son sujet de prédilection, le corps, selon le médium qu’elle utilise. Avec la photographie, elle s’intéressera plutôt aux phanères, ces annexes de la peau (poils, cheveux, ongles). Toutes ses pièces sont encadrées, 48 carrés dont la forme permet de mieux aménager la composition totale. Dans cette mise en scène, derrière un verre protecteur, la peau devient un territoire à découvrir.

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TEMPS D’ARRÊT

Chris Curreri: un moment figé qui traverse les époques. Photo: Chris Curreri

Jusqu’au 4 décembre, le Centre d’artistes Langage Plus nous présente le travail d’un Torontois, Chris Curreri, dont le projet a pour source une unique photo choisie parmi les archives du Glenbow Archives de Calgary, en Alberta. Cette photo perpétue la mémoire d’une foule immortalisée lors d’un événement sportif qui a donné son nom à l’exposition: Bicycle Race. La photo documentaire de base a été déconstruite, coupée et agrandie, de façon à redonner de l’importance à l’un ou l’autre des individus qui s’y trouvaient. Les points de couture qui couvrent les yeux ou le visage de certains personnages ne sont pas sans rappeler l’effacement de l’individu derrière le tissu social. Puisqu’elles proviennent toutes de la même image, les photos de l’exposition représentent exactement le même instant, effectuant une distorsion du temps nous permettant d’entrer en rapport par de multiples fenêtres avec le passé. Un moment figé qui traverse les époques.