Jules Verne : Odyssée vernienne

"Tout ce qu’un homme est capable d’imaginer, d’autres hommes seront capables de le réaliser."

Jules Verne

DE L’EAU SALÉE DANS LES VEINES

Prenez une grande inspiration, on entre dans la salle comme dans un bathyscaphe. Bleu outremer, la salle, avec des maquettes de sous-marins, des cartes et un globe terrestres ayant appartenu à Verne lui-même et portant encore des tracés de voyages. Entre moult scaphandres gigantesques – dont celui de 250 kilos des frères Carmagnolle – et des instruments de navigation de l’époque, le ton est donné d’emblée: en comptant les poulpes en bocaux, les écrans géants, les correspondances et les manuscrits originaux, sont rassemblés plus de 150 objets reliés de près à l’imaginaire de Verne.

On a souvent parlé de Jules Verne comme d’un visionnaire parfois étonnamment précis dans ses calculs scientifiques. Ici, l’exposition rend hommage à l’homme et surtout à l’écrivain amoureux de la mer. Adaptation de l’exposition récemment présentée au Musée national de la Marine de Paris, on y découvre la fascination du petit Jules, qui rêve d’océan avec son frère Paul en regardant les navires accostés à Nantes, sa ville natale. Paul deviendra d’ailleurs marin et Jules aura trois bateaux. Puis, ce sont les amours compliquées du jeune homme, ses études parisiennes en droit et ses premiers pas comme écrivain. Vint ensuite le succès, à la suite de sa rencontre déterminante avec l’éditeur Pierre-Jules Hetzel (Victor Hugo, Émile Zola, Georges Sand…). Ses Voyages extraordinaires, récits d’anticipation (diront les spécialistes) par lesquels Verne souhaitait instruire et divertir à la fois, sont autant d’aventures qui se déroulent aux quatre coins de la planète et bien au-delà.

VERNE ET L’AMÉRIQUE

En plus d’évoquer les voyages imaginés par Verne dans ses célèbres œuvres, la première zone de l’exposition souligne le vif intérêt de Verne pour l’Amérique, le Canada et… Montréal. De fait, il abordera la culture nord-américaine à travers une trentaine de romans qui se déroulent en tout ou en partie en Amérique, dans le Grand Nord canadien et au Québec, où il est même question de Pointe-à-Callière.

Dans la seconde moitié du 19e siècle, les expéditions vers les habitats hostiles des dernières terras incognitas, une prolifération de nouvelles théories et mille inventions étonnantes enflamment les esprits. Naît alors sous la plume entêtée de Verne le plus prodigieux de ses Voyages extraordinaires: Vingt mille lieues sous les mers. La deuxième zone de l’exposition invite à plonger au cœur de ce roman, au fil d’épisodes évoqués par des projections, des gravures de l’édition illustrée originale et des objets en lien avec ces pages: une longue défense de narval, les légendes du Kraken, la maquette de l’incomparable Nautilus… Se révèle ici l’effervescence intellectuelle palpable du temps des premières Expositions Universelles.

LES ENFANTS DU CAPITAINE NEMO

S’appuyant sur des découvertes scientifiques et technologiques du 19e siècle, celui qui "écrivait le matin et se renseignait l’après-midi" a su pressentir, à travers une observation attentive de son époque, l’arrivée d’inventions qui allaient révolutionner le monde. Savant mélange de science et de fantaisie, d’aventures et d’extrapolations parfois désopilantes, l’œuvre de Verne demeure d’une étonnante actualité, au point d’encore inspirer les ingénieurs d’aujourd’hui. La troisième et dernière zone de l’exposition invite notamment à découvrir un nouveau prototype de scaphandre pour les grandes profondeurs, mis au point par un concepteur canadien d’ailleurs récipiendaire du prix Jules-Verne (!). Pour retrouver le plaisir des lectures de l’enfance et pour certainement en découvrir davantage sur l’écrivain. www.pacmusee.qc.ca

Jusqu’au 20 avril 2006
Au musée Pointe-à-Callière
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