Le Plus Beau Jour de ma vie : Objets extrêmes
Arts visuels

Le Plus Beau Jour de ma vie : Objets extrêmes

Le Plus Beau Jour de ma vie, c’est le titre qui nous guide dans l’installation de Jean-François Cooke et Pierre Sasseville. Euphorie à l’OEil de poisson.

Un éléphant tient dans ses bras un chat géant. Ce sont deux attachantes figures taillées dans le styromousse rose trônant ainsi dans une vaste et belle cage. Un temple quadrillé de 505 icônes différentes en découpes de vinyle sur plexiglas. Des images répétées et dont les ombres s’inscrivent en double sur les murs de la galerie, peints pour l’occasion en rouge flamenco fini perle. "Ça a toujours été important que nos projets soient à grand déploiement", dira Jean-François Cooke; "On fait ce qu’on aurait envie de voir!" ajoutera Pierre Sasseville. Matériaux de quincaillerie, iconographie pop, ils puisent partout où cela leur plaît pour réaliser leurs grands chantiers. Les deux sculpteurs qui travaillent en duo depuis quelques années livrent avec assurance et désinvolture une de leurs installations les plus résolues. Les deux belles sculptures géantes ont été réalisées en taille directe par Frédéric Bouchard, un spécialiste du genre pour les décors de cinéma. La dimension à la fois fictive et éphémère propre au décor de cinéma reste souvent à l’œuvre dans les installations de Cooke et Sasseville.

Ces dernières années, les deux artistes ont eu plusieurs excellentes occasions d’intervenir et de se faire connaître lors d’événements prestigieux. Notamment en participant à la deuxième édition de la Manif d’art en 2003, et l’année suivante, lors de la Biennale de Montréal; sans compter leur présence au Festival de théâtre de rue de Shawinigan à l’été 2004. Chaque fois, ils suscitent beaucoup d’attentes. Leurs œuvres provoquent cependant un sentiment ambivalent chez le spectateur, interpellé par la forme, mais cherchant en vain à y trouver un sens. Bonne nouvelle: cette proposition récente n’est pas épuisée par la première lecture iconographique. Soit, cela veut parler de toutes ces choses qui nous empêchent d’atteindre le bonheur; quête inscrite dans les images qui entourent l’éléphant et le chat pouvant figurer des "bouddhas" tournant au centre de l’espace. "Il y a tellement de signes qu’il y a moyen de se perdre", rappellent avec à-propos les deux sculpteurs, qui font souvent dans leurs œuvres l’étalage de multiples lieux et symboles de l’aliénation.

Avec cette installation, ce qui apparaît enfin avec éloquence, c’est la dimension iconoclaste du travail de Cooke et Sasseville. Et passe ainsi au second rang toute velléité d’entendre un "message". L’efficace loge dans la surcharge de signes et l’abondance qui se dégage de cet univers à mi-chemin entre le noir de l’underground et le rose du cirque. Enfin, il n’y avait que Cooke et Sasseville pour faire ce genre de chose! Quoique s’il fallait inscrire leur travail dans l’histoire, on pourrait considérer les parentés et les dissemblances possibles avec La Chambre nuptiale (1976) de Francine Larivée ou, plus récemment, avec certaines œuvres de Sylvain Bouthillette et, pourquoi pas, convoquer les sculptures de l’Américain Jeff Koons…

Jusqu’au 18 décembre
À l’OEil de poisson
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BLOC-NOTES

IL N’Y A D’ART QU’ACTUEL!

C’est ce slogan, à peine provocateur, qui annonce l’arrivée du site Web du Lieu, www.inter-lelieu.org. Visitez-le pour en savoir plus sur ce pilier de l’art action à Québec. Cet automne s’y sont déroulées des soirées sur la nouvelle performance au Québec. Après des prestations de jeunes artistes de Montréal, Saguenay, Sherbrooke et Gatineau, ce sont à nouveau des artistes montréalais que l’on verra à l’œuvre. Le vendredi 25 novembre, au Lieu, dès 20 h. Gratuit et risqué.

SORTIE DE SECOURS

Les quatre tableaux d’Agnès Riverin, présentés chez Rouje sous le titre J’ai mélangé le rouge et l’odeur du vent, étaient aussi étranges que beaux. Un personnage enrubanné à la merci des vagues de couleur revenait dans les quatre tableaux réalisés sur des supports remarquables. Devant ces œuvres, on se prend à rêver que ce personnage – elle ou nous – laisse sur le rivage ces rubans qui l’étouffent et l’empêchent. Si vous n’avez pas eu l’occasion de voir cette exposition, d’autres œuvres récentes d’Agnès Riverin sont exposées jusqu’au 3 décembre à la Galerie La Clarté-Dieu de Sainte-Foy.

PRIX DE LA VILLE DE QUÉBEC

La Manifestation internationale d’art de Québec est en nomination pour le Prix Ville de Québec, remis annuellement lors de la soirée des Prix d’excellence des arts et de la culture. L’organisation de la biennale d’art actuel est finaliste aux côtés de Premier Acte et du Théâtre Petit Champlain pour l’un des plus prestigieux prix remis le 28 novembre prochain. Cette nomination confirme le rôle déterminant qu’a toujours joué la Vieille Capitale en arts visuels.