Michèle Provost : La « super woman » dans tous ses états
Michèle Provost allie habilement les techniques traditionnelles de la broderie et l’observation des tribulations quotidiennes d’une femme aux prises avec la modernité.
Avide témoin de notre société, Michèle Provost propose une installation intitulée Une journée dans la vie de Maggy M., à la Galerie Montcalm de Gatineau. Vingt-quatre tableaux expressifs et détaillés expriment le quotidien d’une femme moderne typique jonglant tant bien que mal avec les exigences des tâches ménagères, du travail, de la famille et des activités sociales: la super woman dans tous ses états!
Les œuvres méticuleuses et colorées de Michèle Provost sont exécutées à la broderie. Ce choix du matériau s’est révélé à elle à la lecture du livre Alias Grace de l’auteure canadienne Margaret Atwood. Le livre relate l’histoire inspirée du cas vécu d’une jeune Canadienne de 16 ans ayant été trouvée coupable du double meurtre de son patron et de son amante en 1843. Suivirent 30 années de prison et d’internement en de multiples institutions psychiatriques. Afin de s’échapper mentalement de la situation précaire dans laquelle elle est plongée, l’héroïne réalise des broderies ou courtepointes et ces dernières façonnent la trame du récit. Ces techniques bien connues de nos grands-mères reprennent vie par la vivace et fertile imagination de Michèle Provost.
Le travail de Michèle Provost est empreint de simplicité et d’une touchante humanité. En empruntant les procédés de la broderie à l’héritage culturel féminin et en l’actualisant aux couleurs de la société d’aujourd’hui, elle réussit à exprimer des préoccupations éthiques ou politiques bien contemporaines, tout en demeurant accessible. "Mon médium donne droit à l’opinion. Ce n’est pas comme la peinture, car il n’y a pas de codes. Ce n’est pas un médium précieux aux techniques compliquées", relate l’artiste.
Le travail de Michèle Provost est empreint de simplicité et d’une touchante humanité. |
Maggy M. est une femme de son temps. Elle carbure au café et au sentiment de bien accomplir son lot de tâches journalières. Du déjeuner au coucher, nous suivons les traces de cette femme que l’on soupçonne heureuse et généreuse, mais débordée. Provost a documenté ce projet en photographiant les activités d’une femme et de sa famille pendant 24 heures. "De nombreuses personnes se sont identifiées à mon personnage, des femmes et des hommes."
Les tableaux nous dévoilent des scènes de la vie intime d’une famille comme plusieurs autres, mais certaines subtilités nous dépeignent une réalité plus complexe. Michèle Provost ne se cache pas derrière une vision édulcorée de notre existence et fait ressortir les contradictions ou les imperfections attribuables, en partie du moins, à nos choix de société et à notre style de vie. Comment ne pas être ému par un tableau représentant la mère embrassant son enfant semblant trop plongé dans sa lecture pour lui rendre l’affection qu’elle lui témoigne? Une autre séquence représente la famille, en soirée, tranquillement assise à regarder les émissions de télévision. Aux côtés de cette image sont disposées des reproductions des personnages des Simpson, une bande-annonce de la compagnie Nike et la bouleversante scène d’une mère de famille ébranlée lors des événements entourant l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. L’artiste raconte que "c’était une image très forte. Le contraste entre les vies de ces deux femmes est tellement grand! Tellement de choses peuvent survenir en 24 heures".
Jusqu’au 18 décembre
À la Galerie Montcalm
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