Antoine Plamondon (1804-1895) : Vivre au Bas-Canada
Arts visuels

Antoine Plamondon (1804-1895) : Vivre au Bas-Canada

L’exposition Antoine Plamondon (1804-1895), jalons d’un parcours artistique est à voir assurément pour deux tableaux, peut-être même trois; probablement davantage.

Il y a une quarantaine de tableaux d’Antoine Plamondon exposés au Musée national des beaux-arts du Québec. Le peintre né à L’Ancienne Lorette est un personnage fameux dans l’histoire de la peinture canadienne du XIXe siècle. Et c’est la première exposition monographique du peintre que propose le MNBAQ et une des rares récemment consacrées à l’art ancien. Plamondon est un des plus célèbres peintres de tout le XIXe siècle avec les Joseph Légaré, Théophile Hamel et Napoléon Bourassa: autant de peintres qu’il ne sera plus possible de confondre après cette entrée au cœur de la production de Plamondon. L’exposition, sous le parrainage d’un parent du peintre, le parolier Luc Plamondon, voyagera dans six villes canadiennes. Le MNBAQ met ici en valeur une partie de sa collection et a également sollicité la contribution d’une douzaine d’institutions et de collectionneurs privés. Rassurez-vous, cela n’est pas du tout ennuyant. En fait, l’exposition, concoctée par le conservateur de l’art ancien Mario Béland et le directeur du Musée John R. Porter, s’avère aussi agréable qu’instructive. La présentation met en valeur et rend accessible cette peinture ancienne.

La vie de Plamondon traverse le XIXe siècle. Il a monopolisé le marché de Québec et du Québec pendant plusieurs décennies. Plamondon a réalisé des tableaux religieux, beaucoup de copies, et maints portraits, un genre pour lequel il était réputé. Il a peint des portraits de militaires, d’ecclésiastiques, de marchands et de seigneurs. Des portraits où l’on peut apprécier sa virtuosité dans le rendu des costumes, ou encore dans un détail en trompe-l’œil. Plamondon a été un des premiers artistes du Bas-Canada à parfaire sa formation en France. Ce peintre était aussi un personnage coloré. Pendant plusieurs années, il a défendu sa place farouchement, attaquant ses adversaires à coups de lettres dans les journaux dénonçant tel ou tel peintre. En 1855, il s’installe sur sa terre à Neuville, municipalité dont il deviendra le maire. Sur la vie et l’œuvre du peintre, la lecture du très intéressant catalogue fournit tous les détails. Ainsi, la peinture de Plamondon nous ramène au rythme du XIXe siècle, aux publics de l’art de l’époque aussi.

C’est dans l’œuvre de Plamondon que s’affirme une pratique artistique spécifiquement canadienne. C’est d’ailleurs l’apport d’un tableau comme La Chasse aux tourtes de 1850-53, un tableau où Plamondon peint une scène locale, dans un format démesuré pour le genre. La chasse aux tourtes était populaire à l’époque (si populaire que l’espèce s’est éteinte en 1914). Mais un des tableaux les plus intéressants de Plamondon reste Le Dernier des Hurons, peint en 1858. Il s’agit d’un portrait allégorique et mythique, qui non seulement évoque la disparition du peuple huron, mais aussi celle des Canadiens-Français. Un tableau provenant d’une collection privée torontoise, donc rarement accessible. Le Dernier des Hurons est un tableau célèbre notamment parce qu’il a été acheté à l’époque par Lord Durham, celui-là même qui avait qualifié, dans son rapport éponyme, les Canadiens de "peuple sans histoire et sans littérature". Durham rapportera avec lui le tableau en Angleterre et l’huile ne reviendra au Canada que 145 ans plus tard. Ce tableau, un très beau portrait de Zacharie Vincent, sera aussi le sujet d’un poème de François Xavier-Garneau, l’intellectuel le plus important du XIXe siècle. On pourrait dire avec le directeur du MNBAQ John R. Porter que ce tableau pose encore et toujours les questions de l’Autre, de l’altérité. S’offrant au regard actuel, ce tableau de Plamondon nous interroge à nouveau. Et puis, si la fréquentation de la peinture ancienne ouvre grandes les portes de l’histoire, on constate aussi que fréquenter l’art ancien nous fait encore mieux apprécier celui d’aujourd’hui!

Jusqu’au 9 avril 2006
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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BLOC-NOTES

ENCORE, LE BON VIEUX TEMPS?

L’exposition Edmond-Joseph Massicotte, illustrateur a été inaugurée au MNBAQ au même moment que la monographie de l’œuvre d’Antoine Plamondon. Voilà une autre occasion de sonder le passé. Cette fois par le moyen des dessins magnifiques de l’illustrateur. Nous y reviendrons, avec plaisir et en détail, très bientôt.

ORIPEAUX

Curiosité de Folie/Culture que cette exposition organisée en collaboration avec la designer australienne Kim Kneipp et présentée chez Matéria. L’exposition collective se déroule jusqu’au 18 décembre dans la petite galerie du centre. Inauguration le jeudi 1er décembre à 17 h.