Les Heures – Les Autres : Plaisirs de l'inachevé
Arts visuels

Les Heures – Les Autres : Plaisirs de l’inachevé

L’exposition Les Heures – Les Autres réunit les sculptures de Marcel Jean et des photographies de Slobodan Radosavljevic. Présences à la galerie Le 36.

Voilà une exposition qui aiguise le regard et des œuvres qui viennent stimuler et combler notre recherche d’expériences esthétiques. Marcel Jean nous présente ses six nouvelles choses, des sculptures de bois, très colorées. Des objets qui assument merveilleusement leur statut, laissant toute tentative d’une définition définitive de l’objet d’art dans un délicieux suspens. Chaque morceau assemblé, chaque pan de couleur révèle l’intention qui caractérise ces sculptures et les différencie de tout autre chose: "(…) elles revendiquent la couleur dans sa présence charnelle: la couleur qui leur donne comme une raison de se tenir debout, tout en demeurant en réserve dans un inachèvement risqué qui trouble leur géométrie particulière." Tout est presque dit dans cet extrait du communiqué de presse.

Ces sculptures ne sont pas seules. Elles dialoguent subtilement avec deux photographies de Slobodan Radosavljevic, deux impressions sur bois, un procédé d’impression photographique qui donne un résultat étonnant, simple et très chaleureux, à la limite du photographique. Ces photographies ont été prises dans l’atelier de Marcel Jean. Elles accompagnent et commentent les sculptures, montrant un détail de l’une d’entre elles, une araignée apparaît là par hasard; les couleurs voyagent des photographies aux sculptures. Artiste originaire de Sarajevo, Radosavljevic a fait les beaux-arts en ex-Yougoslavie avant d’étudier à l’Université Laval. Son cheminement croise ici celui de Marcel Jean et le résultat ajoute à notre expérience du lieu. La galerie est ouverte du vendredi au dimanche de 14 h à 17 h jusqu’au 11 décembre, et sur rendez-vous pendant tout le mois de décembre au 692-1806.

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BLOC-NOTES

LES BOÎTES DE LA PAIX

Depuis bientôt sept ans, Anne Lapierre et Bruno Chouinard récupèrent et transforment des boîtes de munitions récupérées de l’armée américaine, boîtes qu’ils ont découvertes par hasard sur le chemin entre la Louisiane et Montréal. Des boîtes solides faites de pin rouge et de pin blanc, dont certaines d’entre elles ont été produites dans les années 60 et 70, pendant la guerre du Vietnam. Lapierre et Chouinard leur donnent une seconde vie. Une renaissance pacifiste qui s’incarne dans des objets utilitaires, un cellier ou une bibliothèque, ou encore dans d’autres projets plus fous. Après une participation à une exposition au Musée de la paix de Chicago et un tout récent passage à un salon des métiers d’art torontois, ils seront au Salon des artisans de Québec jusqu’au 18 décembre.

DEUXIÈME PEAU DE KARIM RHOLEM

Voilà un fort intéressant ensemble de photographies documentaires sur les habits des travailleurs industriels qui pratiquent des métiers dangereux. Karim Rholem a développé une approche documentaire tout à fait singulière. Il a déjà fait des séries de portraits sur des sportifs de haut niveau, a photographié des familles composées de plus de six enfants. Il a immortalisé des centenaires, a réalisé un reportage sur les Inuits. Son plus récent document fait l’inventaire de quelques beaux spécimens de ces étranges combinaisons qui se portent dans les usines nucléaires et autres lieux sous-marins ou militaires. Le résultat a des accents surréels. Ils ressemblent à ces rares survivants d’un monde qui serait devenu trop hostile pour l’homme nu. Jusqu’au 18 décembre chez Vu.

LES NOUVEAUTÉS DE JOCELYN ROBERT

Jocelyn Robert lançait récemment le livre In memoriam Joseph Grand et Pandore, un coffret de quatre disques réalisés avec différents collaborateurs. Artiste prolifique, Jocelyn Robert est un catalyseur autour duquel gravite beaucoup d’artistes: en vidéo, en installation et en art audio. Pourquoi un livre maintenant? "C’est un wagon de plus qui fait partie du même train", répondra Robert en nous offrant ce livre qui se lit et ces disques qui s’écoutent. La guitare dans les pièces avec Souk Souk et Éric Gagnon donne envie d’écouter O’Rourke; dans 24 Exercices de parallaxe avec Louis Ouellet, le piano évoque parfois Érik Satie; il faudra écouter de nouveau le chant des travailleurs à Lhassa au Tibet: la bande sonore de Jocelyn Robert en solo. Les disques comme le livre font bel et bien partie de cet ensemble dont un des moteurs est la répétition jusqu’à l’apparition de structures et autres mises à distance savantes, au demeurant intelligibles et poétiques. Le travail de création de Jocelyn Robert est sans patrie ni frontières, à l’instar de celui de bien des artistes, de Jean Cocteau à Michael Snow. Notez qu’on pourra voir la plus récente installation de Jocelyn Robert réalisée en collaboration avec Émile Morin en février prochain lors du Mois Multi.