Revue de l’année en arts visuels : Diver-cité
Une autre revue de l’année en arts visuels! 2005 fut une année particulièrement active, marquant l’émergence de plusieurs artistes et de nouvelles galeries dans la région.
De l’incontournable centre d’exposition L’Imagier célébrant son 30e anniversaire à la toute nouvelle galerie Artesol, qui promet de vous réchauffer le cœur avec ses œuvres cubaines, la région de l’Outaouais a connu un essor artistique remarquable en 2005.
Cette année, le photographe Justin Wonnacott présentait une vaste collection de photographies d’œuvres d’art publiques de la région, à la galerie Toxic. Par ses images, Wonnacott nous a fait redécouvrir les œuvres d’autres artistes, souvent malmenées et qu’on ignore, tellement elles se sont "fondues dans le décor". Dans la même veine, rappelons-nous l’innovatrice exposition Tags et graffitis qui s’est déroulée au centre d’exposition Art-Image. Un jeune artiste nommé Vasko (DNW) nous dévoilait son travail de graffiti appliqué sur une lame de camion de la Ville de Gatineau.
Vasko, graffiti, peinture aérosol, 2005. À la Maison de la culture, Gatineau. |
Cette collaboration avec la Ville a donné l’occasion aux jeunes et moins jeunes d’apprécier cette forme d’art souffrant d’une mauvaise réputation. Mustapha Chadid nous a charmés cette année avec plusieurs expositions, dont une à la galerie Karsh-Masson. Ses sculptures métalliques cinétiques nous ont transposés dans un monde fabuleux aux effluves de l’Afrique du Nord, à la poursuite du temps qui fuit, du temps perdu ou de sa futilité.
Du côté technologique, la région a été gâtée par la présence de trois artistes de réputation internationale. Les installations de l’artiste albertain David Hoffos, à la galerie Saw, mettaient en scène des personnages d’allure holographique dans des décors miniatures très réalistes. À la même galerie, Mounir Fatmi, artiste d’origine marocaine vivant à Paris, a effectué une résidence au centre de production Daïmõn et nous a proposé une vidéo et des photographies provocatrices de kamikazes portant une ceinture de livres, suggérant que les idées peuvent aussi exploser et servir à changer les mentalités, de façon positive. Enfin, l’artiste Shane Cooper, venu tout droit de la Nouvelle-Zélande, a séjourné au Ottawa School of Art afin de préparer une installation interactive qui remplaçait l’image filmée du visiteur par celle de visiteurs précédents. L’effet était subtil est très convaincant!
Mathieu Dubé, bronze, 2005. À la Cour des arts d’Ottawa. |
Plusieurs artistes ont abordé des thématiques politiques. Mariá Lezón nous a encore fait sourire avec son humour mordant empreint de joie de vivre. De grandes murales très colorées tapissaient les murs de l’espace entourant la Salle Odyssée de Gatineau. Analysant les problématiques de nos sociétés contemporaines, les tabous et la politique, la peintre examinait des sujets controversés, tels le port du voile, l’homosexualité et le racisme. Pour sa part, les membres du collectif Histoire de guerre, Rebecca Gilman, Sean Hyatt, Marie-Pierre Kroetsch, Jean René, Krissy White et Michael White, se sont donné comme mission d’interpréter les événements entourant les guerres de l’histoire récente à la nouvelle galerie Viv’Art du secteur Hull. Découverte de l’année: le sculpteur Mathieu Dubé. D’une virtuosité surprenante, le jeune artiste montre une maturité peu commune quant aux sujets explorés et à la qualité de ses sculptures de bronze ou de céramique. Les personnages sont distordus, rigolos, pathétiques. Les créatures vivent leur quotidien tant bien que mal, évoluant dans un monde déchu ou en pleine mutation. À surveiller! (www.mathieudube.com)
Finalement, du côté des musées, les expositions presque simultanées Les années soixante au Canada, au Musée des beaux-arts du Canada, et Design à gogo, au Musée des civilisations, ont rendu heureux les nostalgiques des sixties. 2005 a aussi vu apparaître l’imposant Musée de la guerre, qui gagne peu à peu notre curiosité par ses expositions éclectiques.