Les 7 Doigts de la main : Fin doigté
Arts visuels

Les 7 Doigts de la main : Fin doigté

Le collectif Les 7 Doigts de la main ouvre la porte de son loft pour partager son quotidien, qui se manifeste sous plusieurs formes mystérieuses. De l’art circassien contemporain, intime et sensuel. Rencontre avec l’auriculaire, Samuel Tétreault…

Si j’ai choisi de lui donner le rôle de l’auriculaire, c’est que c’est un peu à son initiative que sept jeunes passionnés des arts du cirque se sont réunis afin de fonder leur propre compagnie et ainsi former Les 7 Doigts de la main. Mais attention, dans cette fabuleuse union, il n’y a pas un doigt qui soit plus haut ou qui domine les autres. Quoique distincts dans leur individualité, ils sont tous de longueur égale et ils sont attachés à la même main, soudés dans un projet commun qui leur tient à cœur.

De droite à gauche, voici comment se compose la main: Shana, Isabelle, Patrick, Faon, Gypsy, Sébastien et Samuel. Pour la plupart enfants de la balle, les sept saltimbanques œuvraient chacun de leur côté – certains se connaissant depuis des lustres, d’autres ayant fait l’École nationale de cirque ensemble – au sein des plus grandes compagnies de cirque de ce monde.

Entre deux projets, avec beaucoup de volonté et une touche circonstancielle, sept individus se retrouvent à San Francisco pour discuter de leur désir commun de fonder une compagnie et d’agir à titre de concepteur, de metteur en scène, de chorégraphe, etc. Avant même de recevoir une réponse à la demande de subvention, le premier spectacle éponyme des 7 Doigts… est presque achevé. Et à peine un mois après cette réponse tant attendue, ils se retrouvent déjà sur la scène du Festival Juste pour rire. "C’est très riche comme processus de créer à sept, mais ça demande beaucoup de patience, ça demande de développer de grandes qualités de communication. Je pense que c’est ce qui fait que notre spectacle est unique et aussi riche: on est sept individus avec des parcours différents; il y en a qui donnent plus dans le théâtre, d’autres, dans la danse, mais le ciment de tout ça, c’est le cirque", illustre l’équilibriste Samuel Tétreault.

À ce septuor s’ajoute DJ Pocket qui "scratche" et qui "beatboxe", habillant l’environnement sonore, entre autres, des Lhasa et Tom Waits. "Dans une espèce de huis clos, ce sont sept individus qui partagent un espace de vie et qui apprennent un peu à se connaître, se découvrent, s’ouvrent à la réalité de l’autre… C’est certain que la frontière est ténue entre notre vie réelle et le spectacle. Ça raconte un peu l’histoire de notre rencontre, sept individus qui se connaissent sans se connaître et qui apprennent en partageant un lieu. Car on a d’abord répété le spectacle chez moi, dans mon loft", précise l’acrobate.

SUIVRE LE FIL

Chaînes aériennes, contorsion, diabolo, équilibre sur cannes, main à main, manipulation de couteaux, trapèzes fixe et ballant sont autant de disciplines circassiennes exploitées dans le spectacle, se superposant aux arts du théâtre, de la musique, du chant, de la vidéo et de la danse. Dans leur volonté de s’imposer des défis et d’explorer des terrains inconnus, tous ont aussi choisi d’intégrer des disciplines avec lesquelles ils étaient moins habiles pour créer leurs numéros. "On a aussi mis une loupe sur certains aspects de nos personnalités ou certains enjeux dans nos vies. C’est très personnel comme travail", note-t-il.

Dans un art où le simple geste prend la forme de légères et poétiques métaphores, Samuel Tétreault a choisi de traiter du paradoxe de la solitude. "Je pense que c’est la beauté de l’art circassien, ça permet deux niveaux de lecture et ça permet de pousser à un degré extrême les relations humaines: de confiance, de peur, d’entraide, de conflit…"

Dès le début du spectacle, les athlètes tissent une relation intime avec le public, brisant le "quatrième mur" de la scène. Ils ont aussi choisi, à l’opposé des flamboyants costumes du cirque traditionnel, de se produire en sous-vêtements. "On a voulu se mettre à nu, se mettre au même niveau que monsieur et madame Tout-le-monde. On habite tous dans une maison où il y a un poêle, un frigo, et tout le monde se promène en sous-vêtements le matin chez soi. C’était aussi l’idée de dénuder au niveau métaphorique, dans la mesure où l’on n’a pas d’information sur nous. On a voulu partir de zéro, comme des petites poupées en papier auxquelles on ajoute des pelures de vêtements, qu’on habille comme on veut. Au fil du spectacle, on utilise certains accessoires, on donne des indices… Bref, il y a toutes sortes de symboles sur le désir, les peurs, la solitude, etc."

La suite au Corona…

Les 22 et 23 et du 26 au 31 décembre
Au Théâtre Corona
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