La Fête de l'art : D'art et d'artifices
Arts visuels

La Fête de l’art : D’art et d’artifices

La Fête de l’art, qui aura lieu dans les locaux du Lobe, commémore cette année le 1 000 043e anniversaire de l’art.

Il a parfois été très simple ou éclaté; il a été obscène, parfois déplacé, mais la plupart d’entre nous lui avons pardonné. L’art est un vieillard qui n’en finit plus de se renouveler, il réussit encore à nous surprendre par sa souplesse et la diversité des images qu’il projette dans notre imaginaire.

En 1963, le 17 janvier, Robert Filliou a proclamé que l’art avait alors un million d’années, et qu’il fallait le fêter. Pour rendre l’art au peuple – ou le peuple à l’art, selon le point de vue – il a imaginé le projet d’une journée fériée qui célébrerait l’art, puis deux l’année suivante, et encore, jusqu’à ce que toute l’année soit consacrée à la beauté et à la poésie… Évidemment, c’était un peu audacieux. Son étincelle de génie a bien fait naître quelques feux autour de la planète, mais depuis le décès du chauffeur en 1987, l’art trouve moins de chandelles à souffler…

Heureusement, il reste encore quelques organismes pour alimenter la braise de ce qui fut jadis un feu pétaradant d’une joie communicative. Le Lobe y contribue encore cette année avec une soirée festive digne des événements des deux dernières années, qui avaient accueilli les Fermières obsédées (2004) et le duo Geneviève et Mathieu (2005).

Il faudra être prêt à tout cette année, car l’éblouissement est inéluctable. On ne lésinera pas sur les artifices pour que la fête soit réussie; les paillettes hallucinantes, le léopard et la cuirette à franges seront au rendez-vous pour la performance de Sarah Febbraro et Jessie Levine.

Les deux artistes se disent inspirés par la claquette, l’aveuglante Las Vegas, les parodies délurées et les mauvaises chansons. Leurs actions sont souvent à la limite de l’acceptable: ils sont des funambules éclopés testant leur équilibre sur la frontière, qu’ils veulent oscillante, entre le divertissement et l’art. Sarah explique leur démarche: "Our process is about creating work quickly, intuitively, and our inspiration for our performances are taken from our everyday lives." (Nous travaillons rapidement, au gré de notre intuition, et notre inspiration trouve sa source dans notre quotidien.) C’est sous le signe de l’irrévérence et du dérangeant qu’ils se commettront, pour le plus grand déplaisir des spectateurs. En effet, ils choquent allègrement : "In making ourselves vulnerable, exposing our faults, weaknesses and perversions, we connect to the audience." (En nous montrant vulnérables, sujets à l’erreur, aux faiblesses et aux perversions, le contact s’effectue avec l’audience.) Il faut donc s’attendre à être déstabilisés. Difficile de savoir comment, car pour Sarah et Jessie, aucune performance n’est à l’image de la précédente. "You can expect this performance to be unique, ridiculous, absurd and gaudy, prévoit Sarah. Our audiences usually think we are crazy and fun." (Vous pouvez vous attendre à une performance unique, ridicule, absurde et colorée. Ceux qui viennent nous voir pensent toujours que nous sommes fous et amusants.) Il semble qu’il faudra le voir pour le croire…

Dès 17h, le 14 février
Au Lobe
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