Amenities d'Erik Edson : Grandeur nature
Arts visuels

Amenities d’Erik Edson : Grandeur nature

Amenities, d’Erik Edson, propose un bestiaire de gravures sur bois qui actualise une des plus anciennes techniques de l’estampe. À voir chez Engramme.

Voilà une façon de pratiquer la gravure des plus réjouissantes! Un ours, un dauphin, un aigle, un lapin, une cabane d’oiseaux, l’habitacle du castor, rendus dans leur taille réelle. Un ensemble généreux de figures noires encrées sur de grands papiers blancs. De la gravure sur bois? Sur contreplaqué pour être plus précis. Erik Edson apprécie la simplicité de la gravure sur bois. C’est la plus ancestrale des techniques d’estampe: elle remonte au Moyen Âge. Il en explore les diverses possibilités. Elle lui permet surtout de travailler de très grands formats, de réaliser ses gravures sans les contraintes que commandent les autres techniques de l’estampe. Erik Edson n’hésite pas à découper ses grands papiers. Toujours, les sources de ses images sont multiples. La plupart de ses figures sont doublées d’une autre image superposée à la première forme, comme une trace culturelle tatouée sur le monde sauvage. Un moteur sérigraphié sur le corps de l’aigle modifie notre perception de la majesté de son vol. Une pharmacie dessinée sur le corps de l’ours rompt avec l’unité de temps et de lieux de l’image. Pour l’artiste, c’est une façon de court-circuiter toute tentation d’un discours qui ferait l’apologie de la nature sauvage, une façon d’interroger notre rapport à la nature.

Ce rapport entre la nature et la culture se retrouve aussi dans l’écart qu’il y a entre l’artificiel contreplaqué et l’arbre à son état premier. Et cela sert parfaitement le propos. Les propriétés du contreplaqué participent au superbe effet plastique de ces impressions. Ce sont de très belles et étonnantes gravures, où chaque animal est rendu à son échelle réelle, et le dessin est réalisé dans l’esprit des représentations naturalistes. L’ours est imposant, le dauphin ne pourrait être autrement. Tout cela est remarquable, d’autant plus que – cela est exemplaire – la grande dimension des œuvres est tout à fait justifiée. Tout cela est épuré et percutant, simple sans être simpliste. Il faut voir les œuvres gravées de cet artiste qui vit et enseigne l’estampe au Nouveau-Brunswick, et dont c’est le premier passage à Québec en 10 ans de participation à diverses expositions collectives à Toronto, à New York et à Boston. Une partie du corpus présenté chez Engramme a déjà été exposée au centre Open Studio de Toronto. En 2004, Erik Edson remportait le premier prix à l’Annual Great Printmaking Competition. Avec cette exposition, Engramme témoigne encore une fois de la contribution de l’estampe à l’art actuel.

Jusqu’au 12 février
Chez Engramme
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BLOC-NOTES

JOSEPH KIEFFER: UNE DÉCOUVERTE CHEZ MATERIA

Il faut aller chez Materia, bien sûr pour voir ce que proposent Marie-Claude Morin et Dominic Fontaine, avec un ensemble de propositions rassemblées sous le titre Quand les corps s’emmêlent dans la grande galerie, mais aussi pour découvrir le travail remarquable de Joseph Kieffer. Le jeune artiste présente quelques objets dans l’exposition collective Banc d’essai. Cet artiste français, récemment installé à Québec, est diplômé de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, et les quelques objets qu’il propose, deux bateaux notamment, s’envolent. Ils sont aussi poétiques qu’inventifs. Joseph Kieffer donne toutes ses lettres de noblesse à sa pratique. Voici comment il décrit son approche: "Je cherche à remettre en question les idées de pesanteur, de mouvement et de mort; j’interroge l’espace et le temps, la civilisation et la solitude." On entendra sans doute parler de ce Kieffer. À voir jusqu’au 26 février chez Materia.

AUTOPORTRAITS LA BOUCHE PLEINE

Le titre chapeautant les dessins récents de Patrice Duchesne exposés chez Rouje rend tout à fait l’esprit de ces portraits sortis tout juste de son atelier et de ses entrailles. Figures désenchantées, têtes pleines de mécaniques et autres taches sur papier sont présentées sans décorum. Des dessins clairs sans être lumineux. L’effet est assuré. Ils pourront rebuter comme émouvoir, c’est selon. Jusqu’au 29 janvier. Accompagnant discrètement cet ensemble, une intervention joyeuse et décorative de Kathleen Caron.

VERNISSAGES

À la Galerie des arts visuels: inauguration de l’exposition Affiches, rétrospective du graphiste français Michal Batory. Le jeudi 19 janvier dès 17 h.