Blaise Carrier-Chouinard : Série B comme Blaise
Arts visuels

Blaise Carrier-Chouinard : Série B comme Blaise

L’installation de Blaise Carrier-Chouinard plonge le spectateur dans l’ivresse et l’étonnement. Personnages fixes pour récits mouvants.

Il y a plusieurs bonnes raisons d’aller au Complexe Méduse ces jours-ci. Parmi elles: voir ce que propose Blaise Carrier-Chouinard dans la petite galerie de l’OEil de poisson et apprécier ce qu’a réalisé Jean-Philippe Roy dans la grande galerie. Voilà deux propositions témoignant des directions fort opposées que peut prendre la création en arts visuels. Jean-Philippe Roy fait une éloquente démonstration de formes travaillées avec soin, faisant çà et là des clins d’œil à l’histoire de l’art. Le jeune artiste Blaise Carrier-Chouinard occupe quant à lui, d’une manière bien inhabituelle, la petite galerie avec un décor bigarré. "C’est une saynète, ce sont des images", décrit l’artiste. Il s’explique davantage: "Je cherche à créer une sorte de tension narrative non nécessaire pour que ça rentre dans la série B…" En scène, deux personnages de plâtre qu’il a empruntés à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. Une figure en prière trône et un Indien – dont une jambe a été amputée – pagaie tant bien que mal dans une flaque de cire rouge sang. L’installation s’écarte de la seule provocation ou de la fiction historique pour flirter avec le surréel. S’ajoutent à l’étrangeté des deux têtes coniques d’impossibles chenilles bricolées de mousse isolante jaune faisant basculer la scène hors du récit jusqu’alors fixé. Et cela se déroule dans un équilibre et une harmonie des formes!

"Certaines personnes pensent que je suis nihiliste, explique l’artiste. Mais pour moi, il n’y a pas d’impasse artistique, ni humainement." Il poursuit: "Je ne tente pas de faire du non-art. Quand on fait quelque chose pour que ça soit de l’art, c’est raté." Il est beaucoup question en filigrane de l’intention de l’artiste dans les propositions de Blaise Carrier-Chouinard: "Je veux qu’on sente que l’auteur veut créer, mais il n’y a pas de place pour l’accueillir totalement." Sur cette question, il poursuit: "Un des plaisirs de l’art loge dans la tentative de décoder l’intention de l’artiste. C’est là que se situent la beauté et le mystère…" Voilà, pour l’heure, le sujet de cette scène incongrue et plastiquement déroutante; une installation dont l’effet relève bel et bien de l’expérience esthétique. Une expérience dont il est très stimulant de ne pas pouvoir fixer pour de bon tous les contours.

Jusqu’au 12 février
À l’OEil de poisson
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BLOC-NOTES

Les Coulisses de l’œil, une exposition d’estampes de Catherine Blanchet, sera inaugurée au Théâtre Périscope le jeudi 26 janvier de 17 h à 19 h.

Claudine Cotton présente une nouvelle installation, qui sera inaugurée le vendredi 27 janvier au Lieu. À voir jusqu’au 19 février.

SPLENDEURS ET ANOMALIES

C’est le titre que porte l’édition 2007 du Mois Multi. L’événement sera inauguré le mercredi 1er février au Complexe Méduse. À voir dès mercredi, Saturnales de Claudie Gagnon et une performance audio-vidéo live du Torontois Gordon Mohahan. Pendant tout février, le public est invité à assister à des projets multidisciplinaires, dont certains sont à la fine pointe de la technologie. À suivre.