Eugénie Cliche : Soumission volontaire
Avec le travail d’Eugénie Cliche, on sent que la limite entre celui qui détient le pouvoir et celui qui le subit n’est jamais aussi bien définie qu’on pourrait le croire.
Même si elle se dissocie des Fermières obsédées le temps d’une exposition à Langage Plus, ceux qui ont suivi le collectif ne seront pas trop dépaysés. Eugénie Cliche, dont la pratique individuelle se caractérise, depuis six ans, par la vidéo, nous présente une installation vidéographique posant la question de la féminitude à travers le jeu et l’équilibre fragile du pouvoir.
Lors du vernissage de son projet intitulé Red Nickel, le 20 janvier dernier, l’artiste s’est mise en danger lors d’une performance attendue. Au cours de l’événement, elle semble s’être sacrifiée pour représenter la profonde servitude du spectateur devant une œuvre. Pour arriver à ce résultat, elle s’est soumise à un déferlement d’images, icônes et avatars pixélisés, auquel elle a tenté de répondre soit par une appréciation spontanée, soit par mimétisme. Soumise un instant au joug de l’image, c’est lorsqu’elle a repris en main la télécommande qu’elle a réussi à s’affranchir, modifiant alors totalement l’univers vidéographique, puis s’effaçant pour laisser s’intervertir son précédent rôle avec celui des visiteurs.
Les différentes vidéos projetées pour former son installation rappellent les vidéoclips par leur rythme et leur musicalité. La femme n’y est pas positionnée dans un rapport de misandrie malsain, mais tente de se définir elle-même, positivement, de prendre les rênes. Elle devient objet d’elle-même, qui se fait, qui se joue, qui se met en scène. Son corps est alors lieu et matériau, contexte ultime d’un jeu, peut-être le plus difficile à maîtriser.
Jusqu’au 19 février
À Langage Plus
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