Émilie Rondeau : Halte sur 1134 kilomètres
Émilie Rondeau illustre de façon poétique ses allées et venues entre Montréal et Halifax dans Halte sur 1134 kilomètres.
Étudiante à la maîtrise en arts visuels au Nova Scotia College of Art and Design, Émilie Rondeau a réalisé plusieurs fois le trajet Montréal-Halifax. Halte sur 1134 kilomètres, exposition qu’elle présente à l’Atelier Presse Papier, raconte ces nombreux voyages, des instants fluides cristallisés grâce à la magie du numérique.
"J’ai fait un échange au Nouveau-Mexique. Quand je suis revenue, j’avais besoin de me réapproprier mon espace. J’ai commencé avec mon appartement, un lieu très privé. Ensuite, j’ai fait un autre projet sur le camping de mes parents. J’ai fait une visite guidée. J’ai pris des photos de paysage et du camping, puis j’y ai ajouté des projections, des peintures, des dessins. Là, je pense que je suis rendue à une troisième étape. Ça s’ouvre aux choses plus collectives et extérieures, comme l’autoroute", raconte-t-elle. En effet, la jeune artiste originaire de Saint-Hyacinthe a croqué une panoplie d’images le long des 1134 kilomètres qui relient Montréal à la capitale de la Nouvelle-Écosse. Des clichés toujours pris en mouvement, qui témoignent d’un besoin inconscient, mais fort, de s’établir. "Des fois, je me demande si cette attention-là n’est pas la recherche d’une maison pour moi-même. Avant, je dormais tout le temps dans les transports. Je partais d’un endroit, j’arrivais à l’autre. Je n’avais rien vu de ce qui s’était passé pendant le transport. Ça, ce travail, c’était aussi de dire: "Je suis consciente de mes déplacements. Je regarde ce qui se passe." J’essaye de me souvenir, dans le fond…" admet-elle, songeuse.
Pour bâtir son exposition, Émilie Rondeau a revisité deux ans de souvenirs. Elle a sélectionné des images qui lui parlaient. Elle les a documentées, leur a ajouté une seconde couche d’information (peinture, dessin, gravure, vidéo). Entre autres, certains paysages se sont retrouvés avec des demi-sphères en plastique servant à protéger les meubles. "Pour moi, ça devient des petites lentilles. Je les utilise pour avoir une interaction, pour qu’on comprenne vraiment qu’il y a une vitre. Tu vois la fenêtre d’une auto ou bien l’écran d’un ordinateur. Mais il y a une distance entre celui qui observe et le paysage." De fait, l’idée de la lentille revient constamment dans Halte sur 1134 kilomètres. De petits cercles d’information, qui suggèrent la roue, se retrouvent partout sur les œuvres. Tantôt la créatrice insiste sur un détail de la photo, tantôt elle indique où s’est produit le focus. "Ça fait comme un fragment de mémoire, dit-elle. Tout passe tellement vite sous nos yeux. Il y a des endroits qu’on n’aura jamais la chance de connaître. Pour nous, ils sont complètement anonymes, mais il y a des gens qui habitent là-bas. Ce sont leurs maisons, leur familier."
Jusqu’au 22 février
À l’Atelier Presse Papier
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