Éric Sauvé : Loup, que fais-tu?
L’univers ambivalent d’Éric Sauvé a envahi la salle 1 d’Espace virtuel, à la fois invitant et bouleversant.
Qui s’y frotte, s’y pique… et risque de tout faire tomber. Avec l’exposition En lieu sûr, d’Éric Sauvé, on peut bien se demander qui des œuvres ou des spectateurs est vraiment en sécurité. L’artiste avait, au cours des dernières années, beaucoup travaillé le verre, intéressé par son côté à la fois tranchant et fragile. Il a maintenant privilégié le bois, auquel il redonne toute sa noblesse.
Ses œuvres, intrigantes, jouent le jeu de la séduction avec brio. Dès le premier coup d’œil, une image de force, d’une beauté aiguë, perce l’esprit, inoculée pour longtemps dans le terroir de votre imagination. À la fois distantes et tentantes, chasseresses immobiles, les installations sont autant de voluptueuses invites à s’avancer. Alors, menacé à la pointe du fuseau, vous oserez approcher, car malgré la crainte qu’elles suggèrent, leur formidable attraction pousse à jeter un regard vers l’intérieur, des œuvres et de soi-même, jusqu’à se laisser envoûter. Jouant du visiteur comme d’une proie, pièges d’une beauté insidieuse, elles enchantent au point où le danger se gonfle de charisme.
Vous serez épris, une curiosité effrayée vous poussera à approcher – mais pas trop – de ces structures frêles, assemblages de billons délicats. Et l’atmosphère y contribue certainement: Sauvé, non content de travailler avec soin le bois, s’est attardé à sculpter l’ombre et la lumière, créant plusieurs espaces feutrés qui requièrent silencieusement les caresses de ceux qui s’aventurent dans la pénombre.
Comme d’un bijou qui vous a jadis ébloui, vous aurez probablement longtemps en tête l’image de ces constructions précaires qui vous auront nargué, à la fois plu et dérangé. Les aménagements instables de Sauvé, que le moindre souffle semble pouvoir faire choir, sont apparemment en lieu sûr jusqu’au 24 février, jour fatidique de la dégringolade appréhendée. Pourtant… Maison de paille, maison de bois, qui sera le loup qui soufflera?
Jusqu’au 24 février
À l’Espace virtuel
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