DE COMMERCE AGRÉABLE : Notes Arts visuels
Gennaro de Pasquale et Sébastien Lapointe: leur imposture est assumée et présentée comme telle.
C’est parfois un étrange commerce que l’art contemporain, surtout pour ceux qui n’ont que le profit à l’esprit et qui dénigrent parfois un travail qui semble invendable. D’un commerce plutôt agréable, Gennaro de Pasquale et Sébastien Lapointe sont venus présenter au Lobe ce qui, à petite échelle, pourrait être envisagé comme une application de la convergence. Sous le dôme intrigant de leur marque de commerce, Soap Method, devenu le symbole presque religieux de leur mouvement, ils invitent les spectateurs, chalands forcés, à prendre conscience de tous ces besoins qu’ils ne connaissaient pas encore. Le duo de débiteurs offre toute une gamme de méthodes faites sur mesure et de modèles de guérison pour des tares qu’ils nous aident à reconnaître; du test de personnalité à la recette pour l’expiation, tout y passe, jusqu’aux produits dérivés comme le dvd, conçu et mis en vente pour l’occasion. Ils proposent donc une réflexion complexe, sans réponse toute faite, sur la manipulation commerciale ou médiatique, mais aussi sur le mensonge, qui a sa place sur le présentoir de notre vie quotidienne.
Sur un mur est projeté en boucle un montage vidéo, résultat d’un travail de sampling ayant pour matériau principal certains soaps américains et ne présentant que le spasme précédant la parole des acteurs. L’ambiance sonore, quant à elle, se résume à une méthode pour arrêter de mentir, conçue à partir d’un disque vinyle trafiqué qui était à l’origine intitulé Comment arrêter de fumer. Partout dans la salle, les deux boutiquiers, revendeurs d’art cherchant peu à être convaincants, ont disposé tout leur bazar comme s’il s’agissait de l’étalage d’une marchandise plutôt factice qu’alléchante. Essais gratuits et dégustation, tout est mis en œuvre pour exciter le désir des clients. Le mensonge échafaudé par les deux artistes ne cherche pas à convaincre mais plutôt à nous mettre en face de situations exagérées. Si le spectateur accepte de se laisser mystifier, c’est seulement parce que l’imposture des artistes est assumée et présentée comme telle. Jusqu’au 28 février, au Lobe. |