Faire corps : Sous la peau
Arts visuels

Faire corps : Sous la peau

Avec Faire corps, Geneviève Lebel met en lumière la fragilité du corps humain, refuge éphémère de l’âme.

Geneviève Lebel s’exprime d’une voix douce. Chacune de ses paroles semble de verre, un peu comme les 30 sculptures en papier qu’elle présente jusqu’au 19 mars au Centre d’exposition Raymond-Lasnier. Manifestement, sa personne et son art arborent quelques similarités, dont une éclatante fragilité. Ces ressemblances ne sont sans doute pas étrangères au fait que ses œuvres ont été moulées à partir de sa propre silhouette.

La jeune femme, pour créer les sculptures de Faire corps, a récupéré les moulages en plâtre d’une ancienne exposition intitulée Les Nœuds gordiens. "À partir de ces moulages-là, j’ai fait des expérimentations à la maîtrise. J’ai essayé différentes techniques. Je voulais travailler le multiple, mais le bois ne permettait pas de faire 30 sculptures dans l’espace de deux années. Donc, j’ai essayé de voir ce qui pouvait s’apparenter au bois, qui avait le même aspect chaleureux, mais qui me permettait de faire plusieurs sculptures", explique celle qui cultive un intérêt particulier envers la fameuse matière d’origine végétale.

Ces recherches l’amènent à travailler le papier. Elle réalise ses premiers tests avec le papier calque, mais celui-ci ne donne pas l’effet escompté ni pour la texture ni pour la couleur. Puis, un jour, un ami lui suggère d’utiliser des patrons de couture. Une révélation. "Je me suis dit: "Wow! C’est dans les mêmes teintes que le bois et que la coloration de la peau." […] J’ai découpé tous les motifs et les symboles qu’il y avait sur les patrons. Moi, je voulais travailler avec le patron vierge. Je ne voulais pas que ça réfère directement à la couture", admet-elle.

Geneviève Lebel a composé une trentaine de corps fragmentés – les différentes superpositions de papier produisent l’effet de suture -, dans lesquels elle a intégré un éclairage: "Ce que je trouvais intéressant, c’est que ça rajoutait à la vulnérabilité des corps. Premièrement parce que ça leur donnait un aspect plus organique, puisqu’ils étaient construits avec la superposition. Deuxièmement parce que ça venait faire comme des cicatrices. L’œuvre est son histoire. Chaque étape de confection est présente dans le résultat final. Chaque personnage, même s’il semble pareil aux autres au premier coup d’œil, est différent. S’il a été accroché, il va être un peu plus bossé. Selon l’assemblage, il peut être un peu plus croche…" C’est la matière qui commande. "Avant, avec le bois, c’était vraiment moi qui imposait ma volonté. Avec le papier, je n’ai pas eu le choix d’accepter l’imperfection et l’accident. Et, finalement, je me suis rendu compte que c’était ça qui était leur plus grande richesse. Ce qui rendait les corps plus humains, c’était leur aspect imparfait", sourit Geneviève Lebel.

Jusqu’au 19 mars
Au Centre d’exposition Raymond-Lasnier
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