Galerie La Petite Mort : Éclectisme et non-conformisme
La Galerie La Petite Mort nous transporte dans un monde où l’imagination débridée domine, où les tabous sont explorés sans fausse pudeur et dans un désir de dialogue avec les visiteurs.
Guy Bérubé aime surprendre et être surpris. En pénétrant dans les locaux de la Galerie La Petite Mort, une sensation d’inconfort nous assaille. C’est que l’espace n’est pas typique et convie le visiteur à explorer un monde où domine l’imagination débridée du propriétaire, qui façonne cet espace en un amalgame d’art et de design. Le public est invité au dialogue, à une autre façon d’explorer les arts visuels. Comme le nom de la galerie l’indique, Bérubé parle volontiers d’extase ou d’expérience orgasmique en faisant référence au plaisir visuel éprouvé à la découverte de certaines œuvres particulièrement troublantes ou émouvantes.
Pour Bérubé, l’ouverture de la Galerie La Petite Mort, c’est le point culminant de nombreuses années comme observateur et collectionneur d’arts visuels. Après avoir fait carrière à New York pendant 10 années, tant comme organisateur d’événements culturels qu’à titre de designer, il a tout quitté pour venir s’établir à Ottawa afin de se rapprocher de sa mère malade. Touche-à-tout, il décide alors de fonder sa galerie et d’y incorporer des objets répondant à ses affinités. "Je veux que les gens sentent qu’ils entrent chez moi, dans mon univers." Des meubles de designers réputés sont judicieusement disposés dans la pièce et simulent un intérieur au goût éclaté. L’on trouve, parmi les œuvres d’art, des meubles, des animaux empaillés, des revues et des objets du quotidien. Les tableaux recoupent de nombreuses tendances en art contemporain. Se fiant à son instinct, Bérubé a regroupé des artistes réputés de la région tels que Jason St-Laurent, Stéphan St-Laurent, David Cation, Amy Thompson, Tony Fouhse, Émilie Courchesne et Peter Shmelzer. Mais il a également pris sous son aile l’artiste Danys, qui produit un art de style naïf et urbain et qui n’avait jamais exposé ses œuvres auparavant.
Dinosaur, Niagara, 2004, 2/5, 4 po x 5 po. Photographies platine-palladium sur papier Rives. |
Le concept de la galerie est innovateur: les quelque 60 artistes ont été sélectionnés pour leur originalité, mais doivent payer une certaine somme. Ils ont ensuite la possibilité d’exposer quelques œuvres en permanence et se verront offrir une exposition solo. Cette formule, qui a cours depuis quelques années à Toronto et aux États-Unis, ne trouve pas encore beaucoup d’adeptes au Canada. La Petite Mort constitue donc un modèle hybride de galerie, à la fois commercial et expérimental.
Ce mois-ci, c’est Clive Cretney qui est à l’honneur. Photographe pour le Musée des beaux-arts du Canada et n’ayant presque jamais montré ses œuvres en public, Cretney nous offre des images tirées de deux séries photographiques. Il explore depuis une dizaine d’années des techniques "périmées" telles que le tirage platine-palladium, qui a été abandonné au début des années 1900 parce qu’on le jugeait trop coûteux et laborieux. Cette technique permet l’impression d’images très détaillées et offre des tons de gris veloutés complémentant à merveille le sujet des photographies. Les images de la ville de Niagara sont particulièrement intrigantes avec leur côté kitsch, leur représentation du milieu urbain, touristique, sans âme et purement fonctionnel. Tirées sur du papier Rives BFK, ces images, pourtant récentes, semblent avoir été dénichées dans une vieille mallette de voyage oubliée, nous replongeant dans les évocations typiques de l’Amérique des années 50 et 60.
Jusqu’au 2 mars
À la Galerie La Petite Mort
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