Mois Multi : Les métamorphoses
Le Mois Multi présente trois nouvelles installations. Aux aguets des plus folles propositions.
Les trois nouvelles installations présentées en ce moment à la Coopérative Méduse entament la dernière semaine du Mois Multi sur une note d’ouverture. Elles sont si différentes les unes des autres qu’elles permettent à chacun d’y trouver quelque substance. On peut y rencontrer l’artiste allemand Jens Brand, qui jouera jusqu’au bout son rôle d’artiste-scientifique tout dévoué à expliquer au public les fonctions de la machine qu’il a inventée: le G-Player4, un lecteur qui permet d’"écouter" la course des satellites. Une machine d’une belle inutilité! L’artiste allemand invite le public dans son kiosque, où il se prête aux commentaires et aux questions. La machine en démonstration devient un prétexte à la discussion, ce qui semble finalement être le dessein du G-Player 4. La performance de Jens Brand touche de près aux enjeux de l’art actuel, autant par l’attitude de l’artiste prenant une part active à son œuvre relationnelle que par la facture de son dispositif. Voyez l’esthétique délibérément banale et équivoque du kiosque de présentation, un lieu quasiment anonyme d’où l’on peut observer une carte du monde au mur, des bancs, deux plantes. La discussion avec l’artiste allemand pourra prendre différents chemins. Tourner court ou, que sais-je, s’engager dans une réflexion sur le rôle de l’artiste, ou plus probablement s’éterniser sur le fonctionnement du G-Player 4.
Les deux autres installations sont tout aussi intrigantes. Il en va ainsi des manèges que présente l’artiste américain Gregory Barsamian. Puisant ses motifs dans sa vie onirique, fasciné par l’inconscient, Barsamian veut que ses sculptures cinétiques soient compréhensibles et directes. Ses assemblages de petites sculptures se meuvent dans des dispositifs mécaniques sur lesquels des lumières stroboscopiques participent à donner l’illusion que les objets se transforment sous nos yeux. Les manèges tournent à une vitesse folle. Mais arrêtons-nous là: le procédé est secondaire pour l’artiste. Il veut d’abord que l’on s’attarde aux images et à leurs effets. Les avions, dont la morphologie se condense avec celle d’un sexe masculin, représentent – tel que l’explique l’artiste – la course effrénée de la technologie à des fins militaires et guerrières. À cette déclaration, certes, on ne peut rien ajouter. Si ce n’est que l’intérêt de Barsamian pour le monde de l’inconscient est, dans l’élaboration de ses deux sculptures, remarquable et très touchant. Quoique la forme ne soit pas ici du plus grand intérêt – sinon qu’on s’interroge sur la bonne marche de ces deux sculptures cinétiques -, on les apprécie d’autant plus que l’on ne pourrait pas voir ces carrousels ailleurs: ni dans une foire ni au cirque. Force est de constater qu’il n’y a que le monde des arts visuels pour accueillir ce genre de création!
La proposition d’Émile Morin (en duo avec Jocelyn Robert) est plus paisible. Elle s’apparente à un théâtre d’ombres aidé d’un dispositif électronique. On y retrouve et reconnaît la sensibilité d’Émile Morin, qu’on apprécie avec plaisir dans cette installation baptisée Espèces et quasi-espèces. Y est reconstruit un paysage au gré de l’action d’un voilier d’avions jouets fixés sur des tiges ancrées au sol sur une peau de vache. Il fait bon d’y passer un moment et d’ainsi apprécier la belle simplicité de l’installation, qui permet de se laisser bercer par l’ambiance. S’il fallait trouver une parenté entre ces trois installations fort différentes, ce serait la présence des objets volants convoqués à des fins totalement éclectiques. Qu’ils participent au paysage, qu’ils s’agitent et "turbulent" ou bien qu’ils planent tels des satellites abstraitement évoqués par leur son et leur longitude. Les propositions de ces trois installations permettent toutes aussi d’en savoir un peu plus sur les différents aspects de la vie qui motivent les artistes.
Jusqu’au 28 février
À la Salle Multi, au Studio d’essai et dans le hall de Méduse
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BLOC-NOTES
VERNISSAGES À L’OEIL DE POISSON
Inauguration de deux nouvelles expositions: Le Cabinet des curiosités des deux Gullivers de Flutura et Besnik Haxhillari, un couple d’artistes albanais, et La Fuite dans les idées de Christine St-Maur et Félix Leblanc. Le vendredi 24 février à 20 h.
BRODERIES D’ART
C’est un métier ancien auquel s’exerce Geneviève Émond et dont on peut apprécier toutes les nuances à la Bibliothèque Gabrielle-Roy. Voilà une technique traditionnelle à souhait qu’il est très instructif de connaître. À voir jusqu’au 26 février.