Six jeunes artistes : Le Groupe des six
Six jeunes artistes sont à l’affiche de la Parisian Laundry. Ils sont finissants à la maîtrise en arts et nous dévoilent leurs plus récentes créations.
Feront-ils partie d’ici quelque temps de la relève, de ce petit groupe très sélect de créateurs branchés que toutes les galeries et tous les centres d’artistes inviteront, aux vernissages de qui nous courrons et dont nous nous arracherons les créations à fort prix?
Les jeunes artistes exposés ces jours-ci à la Parisian Laundry sont des finissants en arts à la maîtrise à l’Université Concordia et à l’UQAM. Ils sont six (Randall Anderson, Catherine Carmichael, Sunhye Hwang, Aliette Mahé, Stéphanie Pouliot et Tomasz Szadkowski) et leur expo a ma foi des qualités indéniables, même si j’aurais aimé y voir des œuvres plus échevelées et moins proprettes. Professionnalisme ne va pas nécessairement de paire avec froideur, surtout quand le titre de l’événement est Collision… Néanmoins, voilà une expo à voir. Que faut-il en retenir?
Le Bazar pour collectionneur que Stéphanie Pouliot a recréé ne manque pas de panache. Cette artiste (qui a déjà fait des études en photographie ainsi qu’en design graphique et qui est finissante en arts visuels à l’UQAM) poursuit une obsession esthétique qu’elle a depuis quelques années: le désir du collectionneur. Déjà en 2002, elle réalisait un livre d’artiste où elle collectionnait les collectionneurs grâce à des photos. Par la suite, elle réalisait une vente de garage performance, sorte d’esthétique relationnelle digne du critique Nicolas Bourriaud, où elle souhaitait comprendre pourquoi on achète un objet dont on n’a pas nécessairement besoin. Dans son bazar à la Parisian Laundry, elle nous montre plein d’objets insignifiants ou peu s’en faut, objets de la vie courante qui ont souvent pour seule qualité d’être un peu ancien ou curieux. Ce sont de ces objets que l’on peut trouver dans n’importe quelle brocante: un vieux ventilateur, un vinyle du groupe The Satans, un exemplaire du livre Vol de nuit de Saint-Exupéry, un ourson, une tasse de porcelaine avec des motifs de fleurs… Banal? Pouliot sait jouer avec notre désir. Ces objets ne sont pas vraiment exposés, seuls un vidéo et des photos placés sur des tables nous les donnent à voir. Et du coup, le visiteur, acheteur potentiel, comprend un peu mieux que dans le système de consommation, un objet devient encore plus intéressant du fait qu’il est inaccessible.
J’ai aussi grandement apprécié l’installation de Sunhye Hwang dans le sous-sol de la galerie. Dans Oneiric Sketches, vous verrez un paysage féerique composé de presque rien. Avec quelques fils, des éclairages dramatiques et deux ou trois autres éléments de cet ordre, cette artiste coréenne, venue au Canada en 2004 dans le cadre d’un échange d’étudiants, sait produire une ambiance fantastique.
Randall Anderson (artiste et écrivain), pour sa part, a déjà une grande expérience dans le milieu. Depuis plus de 10 ans, il a exposé à la Galerie Circa, chez Articule, à Mercer Union à Toronto… Mais je dois dire que parmi ses interventions, c’est une de celles que je préfère. Dès l’entrée, un immense panneau de papiers verts épinglés nous accueille. Dans toute la galerie, Anderson a installé divers échos visuels à ce système des babillards publics. Il existe peu d’universaux sur cette planète et Randall Anderson semble souligner l’importance de ces babillards dans nos sociétés modernes (ils ont même leur équivalent sur Internet). Alors que les places publiques sont de plus en plus contrôlées, ces babillards seraient-ils devenus symboliquement les nouveaux lieux d’échanges sociaux?
Mais il faudra aussi prendre le temps d’analyser la vidéo d’Aliette Mahé, les photos grand format Imprints de Tomasz Szadkowski et l’installation, avec un abri Tempo, de Catherine Carmichael.
Jusqu’au 4 mars
À la Parisian Laundry
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