Jessica Bradley : Nouveaux territoires
La galeriste torontoise Jessica Bradley représente plusieurs artistes prometteurs, actuellement à l’honneur chez René Blouin.
La Galerie Jessica Bradley Art + Projects a ouvert ses portes à Toronto en mai 2005. Mais ce nouveau lieu suscitait l’attention avant même qu’il n’amorce ses activités: dans The Globe and Mail, la veille de l’ouverture officielle, la critique Sarah Milroy écrivait que cet espace deviendrait vite un des plus importants endroits à Toronto pour voir de l’art qui soit vraiment nouveau.
C’est que Bradley est bien connue du milieu de l’art contemporain. Elle fut, entre autres, conservatrice adjointe de l’art contemporain au Musée des beaux-arts du Canada et la commissaire du pavillon canadien à la Biennale de Venise en 1982, en 1984 et en 1999. Et en presque un an, Bradley a en effet exposé dans sa galerie des artistes importants, ontariens mais aussi du reste du Canada, dont plusieurs Québécois. C’est d’ailleurs le Montréalais Pascal Grandmaison qui inaugura ses locaux. Il faut dire que Bradley a des affinités avec notre ville puisqu’elle y fit entre autres une partie de ses études et y enseigna.
Ces jours-ci, vous pourrez vous faire une idée de la qualité des artistes qu’elle représente puisque le galeriste René Blouin accueille sept de ses poulains. L’expo Du côté de Jessica Bradley Art + Projects met en scène Lisa Klapstock, Jed Lind, Ben Reeves, Zin Taylor… Mais deux artistes retiennent davantage l’attention.
Les aquarelles et mine de plomb de David Merritt font penser à ces romans "dont vous êtes le héros". Ici, l’amateur se sentira devenir parolier de musique. Sur de grandes feuilles, une constellation de mots liés entre eux par différents jeux de réseaux visuels permettent de rêver à une multitude de textes. Un superbe organigramme poétique de la chanson populaire.
Derek Sullivan a quant à lui réalisé des sculptures de carton et de papier qui reprennent en taille réduite la célèbre Colonne sans fin de Brancusi. Mais cette oeuvre majeure a été recyclée en une sorte colonne Morris, en panneau publicitaire, pour Vuitton, Énergie, Guess… Sullivan nous confronte à un aspect de l’art souvent détestable: même les oeuvres les moins décoratives sont récupérées par les phénomènes de mode. Il n’y a rien à faire, les artistes auront beau créer des pièces d’une pureté absolue, elles risquent un jour (en vraie ou en poster) de bien s’harmoniser avec la couleur d’un sofa ou de finir dans une pub pour de la vodka, car elles symbolisent le fait d’être très in et très hot. Récupération sans fin.
Jusqu’au 25 mars
À la Galerie René Blouin
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