Maclean et Mathieu Gaudet : Double sens
Maclean et Mathieu Gaudet sont à l’affiche de la Galerie b Roger Bellemare. Art à l’ère de la récupération.
Dans cette expo, Maclean et Mathieu Gaudet présentent des oeuvres qui toutes fonctionnent sur le mode de l’appropriation, de la récupération, du détournement de codes visuels et sculpturaux déjà existants. Si certains doutaient que la postmodernité était question de récupération (autant en art qu’en écologie), voilà qui saura convaincre.
Maclean, qui s’est fait connaître par ses interventions sur les panneaux ARRÊT dans la ville de Montréal, transformés par la cache de deux lettres en pub pour l’A R T, poursuit ici son travail sur la structure visuelle de ces panneaux signalétiques qui habitent nos paysages urbains, autoroutiers et touristiques. Parmi les pièces les plus intéressantes, signalons ses Vanishing Point, où il semble avoir repris tels quels ces panneaux, mais en ayant remplacé l’information et les images par de simples taches de couleur. Cela fait penser aux oeuvres de Molinari et Broodthaers sur le poème Un coup de dés jamais n’abolira le hasard de Stéphane Mallarmé. Un regard amusé sur l’esthétique signalétique de notre monde moderne où le moindre paysage a son panneau explicatif, qui rend toute expérience de la nature un jeu de reconnaissance.
Mathieu Gaudet (qui fera partie de la Biennale nationale de sculpture contemporaine à Trois-Rivières cet été) présente quant à lui deux interventions sculpturales. Si je parle d’"intervention sculpturale" plutôt que de sculpture, c’est que Gaudet construit des pièces qui tiennent aussi de la maquette d’architecture, de la charpente en construction ou de l’armature d’un ouvrage en devenir.
L’une fait penser (trop) aux pièces du sculpteur anglais Richard Deacon. Mais la seconde (elle aussi sans titre) ne manque pas de personnalité. Cette structure (en bois, masonite et métal) fait penser à un passage piétonnier par-dessus une autoroute ou à un pont de bois enjambant une rivière dans une réserve faunique. Du coup, le spectateur réalise comment, encore trop souvent, il s’attend à ce que la sculpture se dresse à partir du sol (et que la peinture soit suspendue au mur). Cette sculpture suspendue, attachée aux murs, qui barre l’espace de la galerie, se présentant presque comme une surface et non tout à fait comme un volume, défie astucieusement les habitudes perceptives. Encore une intéressante relecture du minimalisme.
Jusqu’au 11 mars
À la Galerie b Roger Bellemare
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