La galerie de l’UQAM : Haute voltige
La Galerie de l’UQAM présente Raphaëlle de Groot. En exercice. Bienvenue dans son laboratoire!
Elle joue, Raphaëlle. Et elle joue avec une si grande application et un tel sérieux qu’on a d’emblée envie de jouer avec elle. Ses réalisations se présentent par projets: entre installations, interventions publiques, montages vidéo et sonores, livres d’artiste, publications et commissariat, l’artiste nous expose le résultat de ses expériences. Elle se plonge et s’investit dans des réalités sociales diverses, et en multipliant les interventions et les contacts auprès des individus concernés, elle collecte tout un échantillonnage de données qu’elle classe à la manière d’une anthropologue. Outre à satisfaire une grande curiosité, De Groot cherche à brouiller l’idée que l’on se fait aujourd’hui du rôle de l’artiste et c’est dans cette direction que Louise Déry a conçu son commissariat.
VOLET 1: EN EXERCICE
Le titre de l’exposition fait référence au plus récent travail de l’artiste, qui prend place dans la galerie devenue incubateur à idées et atelier pour l’occasion. Une plate-forme est aménagée au centre de la galerie, au-dessus de laquelle l’artiste se suspend à tout un système de cordes et de poulies, tantôt par les pieds, tantôt à l’aveugle, tantôt encombrée de membres artificiels. Elle s’est d’ailleurs entraînée pendant des mois avec des instructeurs spécialisés.
Sur des tables, d’improbables accessoires prosthétiques, du carton, des ciseaux, de la peinture et des outils avec lesquels elle réalise ses performances. Des expérimentations, des actions et des objets sont épisodiquement produits avec l’aide ponctuelle des visiteurs, qui sont invités à intervenir et à filmer.
VOLET 2: 8 X 5 X 363 + 1
Huit heures de travail par jour, multipliées par cinq jours de travail par semaine, multipliés par 363 ouvriers plus une artiste: elle. Cette partie de l’exposition montre comment Raphaëlle, après s’être mise au travail et en oeuvre dans un milieu réel, traite les données recueillies et les configure en archives organisées, faisant ultimement du projet artistique une oeuvre en soi.
Cette oeuvre prend racine dans une résidence réalisée dans une manufacture textile en Italie. Raphaëlle a élaboré, afin de communiquer et de créer des liens avec les employés du lieu, tout un système de boîtes postales, les incitant à répondre à un certain nombre de questions, sur des fiches ou à l’aide d’appareils photo. Le projet a donné lieu à une exposition au sein de la manufacture et un livre retraçant le parcours a été publié et distribué aux employés de l’usine.
VOLET 3: EN APARTÉ
Des fragments d’oeuvres antérieures sont réunis dans un troisième espace afin de donner un aperçu d’une dizaine d’années de travail. Le visiteur découvrira des traces, des spécimens et des documents qu’il pourra examiner pour se faire une idée du processus de collecte et d’archivage de l’artiste. Bizarre et amusant, c’est ici qu’on voit le mieux le sérieux des jeux de Raphaëlle: quatre tables d’observation éclairées par des lampes de travail permettent de comprendre divers états de la recherche et de la matérialisation des objets créés par l’artiste. On y voit notamment de touchants portraits de religieuses dessinés à l’aveugle par l’artiste, et d’encore plus touchants portraits, par ces mêmes religieuses, de poupées habillées en nonnes. Des collectes de poussières à regarder au microscope aux vidéos montrant l’artiste se fabriquer d’étranges et troublantes grosses têtes de papier, on réalise que l’artiste malmène terriblement ses sens.
En s’exposant comme elle le fait, Raphaëlle de Groot met au jour le pouls et les temps de sa pratique dans des gestes, des contraintes, des balancements aussi obsessifs qu’exigeants. www.galerie.uqam.ca
Jusqu’au 1er avril
À la Galerie de l’UQAM
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