Dennis Ekstedt et Katharine Harvey : Et la lumière fut
Arts visuels

Dennis Ekstedt et Katharine Harvey : Et la lumière fut

Dennis Ekstedt et Katharine Harvey, forts de pratiques portées par un surprenant potentiel d’évocation, présentent Constellations éphémères/Temporary Constellations et Water Fall.

Des arrière-plans noirs piquetés de points de lumière assemblés en lignes orthogonales et en agglomérations. Des prises de vue en plongée. S’agit-il de l’approche des lumières humaines vues d’un avion, de nuit? D’une ville sous-marine? De la grande noirceur de l’espace vue d’un hublot? Parfois, des couleurs voilent la toile, comme si l’on regardait à travers une membrane, parfois des bulles, parfois des reflets, comme réfléchissant notre image ou des éléments derrière nous.

Dennis Ekstedt veut nous montrer, huile sur toile, la fragmentation de la perception de l’être humain. Les séries Drift, Constellation et autres, se placent entre un rendu abstrait et la figuration de traces d’occupations humaines ou de corps célestes.

Dans l’exposition d’Ekstedt comme dans celle de Katharine Harvey, ce qui compte surtout est le tiraillement auquel nous sommes soumis et la difficulté de lecture. Oscillant entre les formes abstraites et celles, figuratives, qui sont nées de la tendance qu’a l’esprit à assembler les masses et les formes pour créer du sens, on balance entre la matérialité de la surface et le récit poétique sur la nature.

Les pratiques dont l’intérêt réside dans le pur plaisir de contemplation n’ont pas la cote ces jours-ci. Pourtant, il est extrêmement rafraîchissant de réapprendre à regarder des oeuvres belles comme une fenêtre ouverte, dont la poésie nous berce.

WATER+FALL

Ceux qui font de la plongée sous-marine comprendront: le grand calme des surfaces d’eau à travers lesquelles filtre et se réfracte la lumière, lorsque l’on regarde vers le haut à partir d’une certaine profondeur. Katharine Harvey travaille souvent à partir de photographies, tant pour ses peintures sous-marines (Below) que pour ses plans d’eau vus de très près qui envahissent totalement le champ visuel (Rivière gouffre). Entre des dizaines et des dizaines de couches de gel acrylique, les couleurs sont travaillées et posées de manière à évoquer le chatoiement de la lumière sur l’eau. Les effets graphiques sont amplifiés par les traces du pinceau qui, suivant le rayonnement des trajectoires lumineuses, nous donnent à voir la matière en mouvement. C’est dans la sensation du comment peindre que ces oeuvres fonctionnent: elles témoignent d’une cinquantaine de recouvrements de gel transparent, tout en nous laissant l’expérience tactile des rebords des tableaux desquels la matière déborde.

Ce que les deux expositions ont en commun, et ce n’est ni facile ni anodin, c’est ce balancement entre la picturalité et leur faculté de permettre à notre conscience de vagabonder entre les mondes et de nous laisser tranquillement nous raconter des histoires. www.artmur.com

Jusqu’au 1er avril
À la Galerie Art mûr
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