Richard Cloutier : Nuances
Arts visuels

Richard Cloutier : Nuances

Les tableaux tranquilles de Richard Cloutier et le panneau provocateur du duo Cooke-Sasseville sont exposés chez Rouje. Surfaces de l’introspection et de l’insolence.

On ne voudrait se priver ni de l’un ni de l’autre! Voilà deux façons fort différentes de faire les choses. Deux pratiques qui enrichissent le paysage des arts visuels. Richard Cloutier est architecte et s’aventure depuis peu dans le monde de la peinture avec de grandes toiles blanches, d’autres grises, certaines plus bleutées. Il expose pour la toute première fois ses tableaux monochromes. Des tableaux interrogeant le support et les limites de la peinture. De la peinture, comme il ne s’en fait plus, ou assez rarement. Ne serait-ce que pour ça, il est très intéressant d’aller les voir pour aiguiser notre oeil aux subtilités des changements de tons, à toutes les variations possibles de la surface. Il est intéressant de les voir, parce que ce sont des tableaux à la fois discrets et vastes, qui laissent toute la place à la rêverie. On est devant ces tableaux comme devant un champ enneigé. Ils ouvrent sur le lointain même s’ils sont totalement frontaux. Richard Cloutier fait une peinture très "sérieuse": "Je suis conscient de ne pas être dans l’ère du temps", explique-t-il. En amont de ces variations de bandes tantôt verticales, tantôt horizontales, il y a une fascination pour les bâtiments ruraux, les vieilles granges; l’architecture vernaculaire (c’est le titre de l’exposition). C’est à ces paysages d’enfance, aux champs et aux architectures que réfère toute la série, qui s’apparente par moments à des vues aériennes où apparaissent les divisions en lots du territoire. Qu’on les veuille paysages, qu’on les imagine morceaux de terre ou architectures, ces lieux évoqués par le blanc ou en bleu restent, au final, d’abord ceux de la peinture.

Dans un tout autre registre, Jean-François Cooke et Pierre Sasseville ont installé dans l’entrée de Rouje un grand panneau de bois. Une grande boîte peinte en rouge qui fait office de support à une photographie, photocopiée et peinte. Ce grand format est un autoportrait du duo, qui nous lance un "Vous faites pitié à voir", une phrase inscrite à même le panneau. Un verdict qui parle d’abord d’eux, comme en témoignent leurs gueules désabusées et leurs yeux d’où coulent des larmes écarlates. Cette sentence s’adresse aussi à nous, bien sûr; elle nous interpelle avec arrogance en même temps qu’elle se veut moraliste. Ne voulant absolument pas rater sa cible, la chose est volontiers criarde. En cela, Cooke et Sasseville ne dérogent pas à leur attitude habituelle. Le duo ne passe pas par quatre chemins. Cette fois, c’est absolument évident et d’autant plus efficace. Comme toujours, on retrouve une belle franchise, qui finira peut-être un jour par rallier leurs détracteurs (ils en ont). Depuis plusieurs années, le duo de Québec produit des pièces massives, jouant avec des images-chocs. Leur production est une production d’atelier. Ils construisent des objets imposants et concrets, d’une facture matérialiste qui participe en quelque sorte à leur propos et qui constitue désormais leur signature. Cette dernière production fait réagir. Mais encore – l’autoportrait l’exigeant -, il s’agit peut-être d’une de leurs propositions les plus sincères et assumées.

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BLOC-NOTES

ÇA VA PAS LA TÊTE!

Folie/Culture présente une soirée de poésie-performances à ne pas manquer, le vendredi 24 mars à 20h chez Jos Côté, un local commercial situé au 465 de la rue du Pont. Le récital regroupe 10 personnes venant de diverses régions du Québec, ayant en commun d’être "diagnostiquées artistes". Chorégraphies, musique, projections vidéo et poésie seront à l’honneur pendant cette soirée, qui devrait être débridée à souhait, avec la participation d’Alain Larose, Sandra Belzil, Stéphane Boulianne, José Acquelin, Pierre-André Arcand, Jean-Paul Daoust, D. Kimm, Frank Martel, Sylvie Nicolas, Jocelyn Robert, Andrée Bilodeau et André Lachance.

GUILLAUME LÉGARÉ AU THÉÂTRE

L’OEil de poisson présente régulièrement le travail d’artistes de la relève dans le foyer du Théâtre Périscope. Jusqu’au 6 mai, il faudra voir les peintures faites d’un débordement de motifs de Guillaume Légaré, récemment diplômé de l’Université Laval.

TRANSFUGE

Cette chronique est la dernière que je signe dans ce journal, où sont publiés depuis 1998 mes commentaires d’expositions sur la stimulante scène des arts visuels de Québec. D’autres horizons me permettront de partager encore et encore le plaisir toujours renouvelé de fréquenter l’art actuel.