Susan Bozic : Temps d’arrêt
Susan Bozic, une artiste de Vancouver, présente Affectation à la galerie Séquence, une exposition tenant à la fois de la photo, du théâtre, voire du film muet.
Dans la vitrine, qui attire l’oeil même du plus profond de la nuit, ce qui semble être un minuscule théâtre de marionnettes, où s’affolent des oiseaux empaillés, avec cet air vif mais figé, pris dans une calme inertie. La maquette scénique est en fait une intrusion inédite dans la démarche de la photographe, qui n’avait jamais présenté au public ce travail préalable à la prise de vue.
Susan Bozic s’intéresse depuis longtemps à la taxidermie, ce qui justifie la naturalisation de certains animaux, très souvent des oiseaux, dans ses images. Cette technique, qui les fige dans le temps, n’est pas sans rappeler le travail de la photographie, aussi une façon de fixer l’instant pour le faire durer, comme si le temps était à son tour "empaillé".
Le chapelet de parcelles photographiques présente un enchaînement brisé d’événements, des univers factices à la fois parfaits et déréglés, minutieusement mis en scène dans un chaos ordonné. Chaque photo est une chronique un peu trompeuse, une réalité ouvertement contrefaite, calculée dans ses moindres détails, dont il faut réinventer l’histoire. Comme un enfant qui ne sait lire que des images, le visiteur se racontera ce qu’il voudra à partir des saynètes figées présentées par Bozic, un propos sur la mémoire qui n’est pas sans rappeler l’univers littéraire de Gaétan Soucy, comme des souvenirs que l’on reconstruirait après coup. Aucune légende n’est disponible près des oeuvres, le titre en est physiquement dissocié, ce qui a pour effet de libérer l’appréciation du visiteur, qui devient spectateur d’un théâtre immobile où il peut mettre en scène les personnages de son choix.
Jusqu’au 9 avril
À la galerie Séquence
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