Catherine Longpré : Temps des sucres
Catherine Longpré, une Sherbrookoise qui fait une maîtrise en arts à l’UQAC, présente une exposition intimiste où le spectateur peut s’imprégner de la poésie d’une ambiance pénétrante.
Nous n’avons que peu de temps pour nous immerger dans l’univers que Catherine Longpré a créé pour cette exposition à la galerie l’OEuvre de l’Autre, intitulée Sculptures creuses et petites profondeurs… Pour nous abreuver au puits sans fond de son imaginaire, véritable incursion dans l’insondable. Comme la vie, ses oeuvres n’existent pas qu’en surface: il faut les tâter du regard pour découvrir ce qu’elles recèlent, observer cette imperfection qui rapproche leur texture de celle de la chair.
Disposées sur un présentoir rappelant l’étal de neige de nos cabanes à sucre, les oeuvres font saliver comme la tire d’érable chaude où il faudrait plonger un bâton… |
Avec le travail de Longpré, la profondeur est parfois un effet d’optique, à la confluence de la lumière et d’une simple marque sur un mur, ou le résultat d’une technique de travail du tissu ou du latex. En ce temps des sucres, la couleur des matériaux utilisés et les images suscitées par les oeuvres ne manquent pas de faire surgir en nous quelque souvenir qui mettra l’eau à la bouche. Pour certaines pièces, de la cassonade caramélisée ou de la dentelle de sucre givré. D’autres, disposées sur un présentoir rappelant l’étal de neige de nos cabanes à sucre, font saliver comme la tire d’érable chaude où il faudrait plonger un bâton, et si personne ne regarde, un doigt effronté…
Si le sucre se goûte à la surface de la langue, le travail de Longpré n’est pourtant pas superficiel. Le rapport à la mémoire et au souvenir donne une profondeur intimiste aux sculptures. Ces dernières sont creuses, mais elles ne sont pas vides pour autant, invitant plutôt à la pénétration douillette et à l’inquiétant retour sur soi. Entrer dans une contemplation incertaine et pourtant sereine de ces pièces, c’est un chemin offert par l’artiste vers ces régions intimes que l’on garde pour soi. Jusqu’au 14 avril.