Sarbacane : L’âme de bois
Le duo Sarbacane se spécialise dans la réalisation de meubles artistiques dont le design fait référence au vivant. Qui a dit que les objets n’avaient pas d’âme?
On a presque tous osé imaginer, un jour, que les objets de notre quotidien s’animaient pendant notre absence. Et si c’était possible? Avec Suites fantasques, sa nouvelle collection de meubles artistiques, le duo Sarbacane (Marie-Ève Proteau et Nicolas St-Pierre) sème le doute.
Au Centre d’exposition Raymond-Lasnier, le couple a disposé ses oeuvres. Une jeune séductrice au regard exotique semble cacher ses secrets au fond de quelques tiroirs, un vieil homme rigole en trois temps sur un drôle d’arbre, une dame superbe fait pivoter son reflet sur une table selon ses humeurs… Si chaque création se veut d’abord un meuble, elle s’affranchit rapidement de cette caractéristique tant les interventions artistiques de Marie-Ève Proteau lui donnent du caractère. "Quand j’évalue notre travail, je constate qu’on a cherché à prendre une tendance plus artistique, à délaisser le côté fonctionnel du meuble. On essaye aussi, d’une pièce à l’autre, d’élever notre travail à un niveau supérieur. On veut une évolution", confirme l’ébéniste Nicolas St-Pierre d’une voix posée.
Suites fantasques est la première exposition de Sarbacane depuis son coup d’envoi dans un petit local de la rue Notre-Dame à Trois-Rivières en 2004. Le duo avait seulement participé à des salons de métiers d’art entre-temps. Habitué à mettre en valeur ses pièces dans des endroits restreints, il se sent ainsi privilégié de jouir d’autant d’espace. "C’est le bonheur!" lance Marie-Ève Proteau.
Le couple s’inspire de l’humain, du végétal et de l’univers qui l’entoure lorsqu’il conçoit ses meubles. D’ailleurs, une énergie féminine habite plusieurs de ses réalisations. "Quand je vois son travail en cours de route, je lui dis: "Elle est belle, elle. Il y a une belle femme ici." Je trouve que dans ses tableaux il y a souvent quelque chose de sensuel, que ce soit dans le regard, la bouche, le visage…J’aime ça. Ce n’est pas moi qui fait cette partie de travail-là, mais j’apprécie beaucoup que ça soit intégré au meuble que je fabrique", souligne Nicolas en parlant du travail de sa conjointe. Justement, leurs créations semblent vivantes. Comment explique-t-il cette impression? "Quand je termine la pièce, mais que le tableau n’est pas intégré, je me dis qu’elle pourrait rester comme ça. En mettant le tableau, on vient donner la troisième dimension qui était absente. On vient implanter l’âme dans la pièce. C’est là qu’on voit si c’est réussi." Marie-Ève Proteau complète: "Le bois, le meuble, c’est plus statique, plus dur. On essaye justement de le rendre un peu plus habité."
Tranquillement, Sarbacane oriente son travail vers une nouvelle direction. Le duo paraît avoir trouvé un nouveau filon, plus sensuel, avec le monde de la musique. "C’est une porte d’entrée pour nous. C’est un sujet qu’on a découvert, qui nous passionnait, et qui a des possibilités quasi infinies. La tangente qu’on prend dans la pièce, ici, est peut-être le début d’une ligne qu’on aimerait continuer", conclut l’ébéniste.
Jusqu’au 23 avril
Au Centre d’exposition Raymond-Lasnier
Voir calendrier Arts visuels