Denis Langlois : Gr@ffiteur
Denis Langlois se présente comme un cybergraffiteur, en révolte contre une mauvaise utilisation de la technologie moderne…
Denis Langlois est un professeur retraité de l’UQAC qui a profité de sa jeune retraite pour s’initier au monde déroutant d’Internet. Le travail qu’il expose au Centre national d’exposition est le résultat criant d’une déception amère ayant suivi sa découverte des différentes facettes de la cybertechnologie.
Ses oeuvres sont des vitrines sur le combat qui fait rage entre les différents pouvoirs s’affrontant dans l’univers du virtuel. Avec l’invasion du numérique, chacun devient un potentat en puissance. Les voies d’Internet ne sont pas que des avenues lumineuses et colorées, on peut aussi s’y perdre dans un dédale de ruelles mal famées où les pires atrocités sont monnaie courante. Ainsi, l’artiste se pose en graffiteur, en révolte contre les méfaits de l’innovation technologique galopante, et interpelle les différents pouvoirs insidieux auxquels sont confrontés les internautes. Sous quel règne se rangera-t-on? Devant un vaste choix, de la théocratie à la phallocratie en passant par la ploutocratie et la voyoucratie, Langlois propose l’obédience assumée à l’ARTOcr@tie, d’où le titre de son projet.
Si chez nous le bruit des bottes martelant le pavé a été remplacé par le frétillement électronique du modem, nous ne sommes pas moins soumis à une tyrannie, celle plus moderne du numérique. C’est peut-être à ce niveau de conscience que le visiteur doit en arriver alors que, subjugué par les images subversives de Langlois, il se rendra compte de son impuissance devant l’ampleur du phénomène.
Puisant à même la source des icônes modernes et avatars informatiques, Langlois propose des images étourdissantes, explosions colorées et déstabilisantes de chiffres rampants et de lignes envahissantes. Le réflexe associatif du cerveau humain aura tôt fait de nous faire reconnaître ici la dernière Cène, là un jeune homme musculeux, mais il serait vain de chercher en tout une image clé. Devant les oeuvres de Langlois, il faut plutôt se laisser aller à une dépossession calculée…
Jusqu’au 14 mai
Au Centre national d’exposition
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