Prix du Gouverneur général : Vouloir changer le monde
Les lauréats des Prix du Gouverneur général 2006 n’ont pas froid aux yeux et prouvent la pertinence des questionnements suscités par leurs oeuvres.
Les lauréats de l’édition 2006 des Prix du Gouverneur général en arts visuels et médiatiques confrontent les idées préconçues et amènent les visiteurs à remettre en question leurs valeurs et leur rôle au sein de notre société. Ils repoussent les frontières et n’ont pas froid aux yeux.
Vera Frenkel propose la visite d’une version abrégée de son installation intitulée L’Institut, ou ce que nous faisons pour l’amour, qui fut présentée à la galerie de l’Université Carleton en 2004. L’Institut, c’est un univers virtuel et une installation physique. Son rôle est de simuler un centre d’aide pour les artistes de plus de 50 ans. L’oeuvre revêt un caractère ludique indéniable, mais les éléments la composant sont très réalistes et les données, abondantes. Commentant le manque de subventions accordées aux artistes et au système de santé au Canada, le site Internet permet de consulter des biographies, des archives et de nombreux artefacts reliés au monde de la bureaucratie institutionnelle à laquelle nous ont habitués les hôpitaux ou les gouvernements. On se perd littéralement dans les méandres de l’information. La vraie vie, quoi! L’artiste a recruté des interprètes qui ont créé des personnages fictifs que l’on retrouve tout au long de la narration. Conteuse née, Frenkel a créé un univers complexe et riche. Visitez la version électronique de L’Institut au www.yorku.ca/theinst.
À 47 ans, Arnaud Maggs a abandonné son travail de graphiste et de photographe de mode, a vendu ses effets personnels et sa maison afin de se consacrer à sa passion: la photographie d’art. Vingt années plus tard, l’artiste a développé une approche bien personnelle: des séries de photographies, souvent pratiquement identiques, agrandies et fixées au mur selon des systèmes de classification qu’il élabore. Collectionneur intarissable, Maggs accumule les artefacts qu’il déniche fréquemment à l’encan. Certaines des oeuvres vous frappent en plein coeur. Par exemple, la série intitulée Travail des enfants dans l’industrie regroupe les photographies d’étiquettes découvertes en France et affichant les noms d’enfants ayant travaillé dans l’industrie du textile pendant les années 20. La série Notifications renferme 382 photographies d’enveloppes marquées d’une croix noire et destinées à annoncer un décès.
Life Without Death, réalisation de Frank Cole, 2000, production de Necessary Illusions, Francis Miquet et Frank Cole. Photo: Frank Cole |
Bien que le nom de Peter Wintonick ne soit pas très connu, un de ses films a marqué le monde du documentaire canadien; il s’agit du long métrage La Fabrication du consentement: Noam Chomsky et les médias (1992). Il a également réalisé d’autres films très percutants. Le documentaire Voir, c’est croire est difficile à visionner mais constitue un must pour tous ceux qui se préoccupent de la situation des peuples opprimés par leur gouvernement. Wintonick a accompagné les travailleurs du groupe Witness, qui distribuent des caméras numériques et éduquent à l’utilisation de cet outil afin de permettre de documenter les horreurs et parfois même d’éviter des bains de sang par la seule présence de la caméra.
Les autres lauréats des Prix sont Mowry Bowden, créateur d’oeuvres sculpturales, Micheline Beauchemin, qui produit de magnifiques textiles, Peggy Gale, conservatrice, et Kenneth Lochhead, peintre d’Ottawa.
Jusqu’au 3 juillet 2006
Au Musée des beaux-arts du Canada
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