Relève artistique : Ouvrez grand les yeux, ils arrivent
La relève artistique de Québec a du talent, qu’on se le tienne pour dit. Pour s’en convaincre, il suffit d’une visite dans l’une des expositions étudiantes de fin d’année.
Comme la tradition le veut, les finissants en arts plastiques du Cégep de Sainte-Foy exposent leurs plus belles oeuvres à la Galerie Trompe-l’oeil. La cohorte 2006, que nous avons interrogée à la galerie, est composée de 66 jeunes artistes aux aptitudes extraordinaires. Nous avons aussi rencontré dans le cadre de cette chronique sur la relève quelques-uns des 44 finissants de la Faculté des arts visuels de l’Université Laval, alors qu’ils étaient en train de préparer l’exposition En vrac. Le montage sera bientôt complété à l’Atrium de l’édifice La Fabrique, endroit où l’exposition aura lieu. Là, quand tout sera fini, les visiteurs vivront toutes sortes d’émotions causées par la nuée pléthorique des oeuvres exposées. Regard sur l’avenir.
Ils sont dynamiques. Plus libres que jamais. Conscients du monde qui les entoure. Et ils sont engagés, vraiment engagés. C’est un peu à cause du Refus global et de la Révolution tranquille qui s’ensuivit – période pendant laquelle de plus en plus d’artistes québécois osèrent défier l’autorité et défendre des idées politiques et sociales à travers les arts visuels – qu’aujourd’hui, la relève a la possibilité d’être autant engagée, épanouie et artistiquement si libre. On s’en aperçoit pleinement quand on entend Élise Michaud-Pomerleau (Amour-Gris), finissante au cégep, nous dire que "l’art est un moyen de traiter de la nature, de l’enracinement, de poser un regard sur notre société, de montrer que les êtres sont prisonniers".
Cependant, même s’ils émeuvent et font réfléchir, même si on voit les centaines d’heures de dur labeur investies, ils entreront bientôt dans un monde où il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Pourquoi?
Selon Andrée Goupil, professeure au Département d’arts plastiques du cégep, un des problèmes auxquels sont confrontés les artistes sortant des bancs d’école, c’est celui de la "reconnaissance de l’art par l’État. C’est une discipline qui n’est pas reconnue comme participant au développement: c’est l’enfant pauvre de l’État". C’est la raison pour laquelle il faut aussi encourager nous-mêmes nos artistes. Comment? En allant admirer leurs oeuvres, tout simplement. En plus, l’entrée est libre!
Ces expositions offrent et offriront, pendant les trois prochaines semaines, un magnifique tohu-bohu visuel du cégep à l’université: sculptures (Christian Séguin, dont le Height Station vaudra le déplacement à la Fabrique), peintures (Nathalie Lajeunesse, C.S.F.), installations vidéo (Guillaume Tardif, UL), estampes (Justine Larochelle, UL), photos, sérigraphies, etc. Pour le plus grand bonheur de tous.
Jusqu’au 8 mai
À la Galerie Trompe-l’oeil du Cégep de Sainte-Foy
Du 12 au 21 mai
À l’Atrium de l’édifice La Fabrique
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CARNETS
EN DEHORS DES SENTIERS BATTUS
Si certains artistes suivent les traces des écoles d’arts visuels, d’autres ne prennent pas le même chemin. Qui sait s’ils préfèrent celui de Damas? Peu importe, cela ne les empêche pas de produire. Un des lieux de prédilection de ces artistes est parfois la galerie de certains bars, qui ont conséquemment de longues listes d’attente. Ils sont le reflet de tendances. Suggestion: l’exposition Peine’Ombre de Mélanie Landry propose, jusqu’au 29 mai au Sacrilège, des peintures intéressantes (Volupté). L’exposition de Pascale Picard, au Fou-Bar jusqu’au 13 mai, a pour sa part un style plus fantaisiste et coloré.