Fernand Leduc : Et la lumière fut
L’exposition de Fernand Leduc présentée au Musée national des beaux-arts du Québec, Libérer la lumière, nous offre le produit d’une recherche artistique arrivée à maturité.
Naturellement, lorsqu’on s’intéresse depuis 30 ans aux effets de la lumière comme Leduc, et qu’on pousse les limites de sa libération à leur paroxysme, il y a quelque chose d’ineffable qui jaillit de chacune des peintures, directement dans notre rétine. Des Microchromies au Napoli et Verditi, en passant par les Nuits (1 à 10), notre cécité s’éloigne, et l’on contemple enfin l’infini. C’est d’ailleurs parce que l’on sort serein du parcours de cette dernière transmutation de Leduc qu’on peut dire merci au Musée d’avoir eu la géniale idée de l’accueillir. Merci de nourrir nos yeux de sa lumière. Puisque pour Leduc, que nous avons joint par téléphone la semaine dernière, "la lumière, c’est la nourriture de tous".
Cependant, même si les sources lumineuses jouent le rôle de la mère nourricière dans les oeuvres d’art, il n’en demeure pas moins qu’elles sont "le problème essentiel de tous les artistes. Car il y a toujours une recherche de la lumière". Leduc, devant ce constat paradoxal, décide de "défier cette lumière" à travers ses oeuvres les plus récentes.
Or, en réalité, nous affirme Leduc, "on ne peut rien contre la lumière", puisqu’elle est partout: "Dans l’extrême sombre, il y a la lumière. Entre le jour et la nuit, il y a la lumière." C’est pourquoi, nous dit-il, essayer "de conduire le côté éthéré de la lumière" et de contrôler "les faisceaux de verre lumineux" est un processus "mystique d’une telle ferveur" que, finalement, l’éclairage finit par s’imposer. Pourtant, bien qu’il s’impose à nous, "notre extrême sensibilité à la lumière nous permet de rendre compte d’une interaction des faisceaux, d’un langage lumineux". Ce langage lumineux, Leduc le parle à merveille, parce qu’il a compris que sa traduction passe par "une recherche de la relation des couleurs et des formes". Autrement dit, en établissant "une relation des couleurs [ou des formes] de telle sorte qu’elles s’harmonisent" à l’éclat projeté sur la toile, on arrive à "transposer la lumière sur le plan plastique". C’est précisément à cet instant que la parole lumineuse de Leduc devient émouvante. Restant alors contemplatif devant cette suavité, cette douceur propre à la lumière méditerranéenne, on voudrait ne plus jamais fermer les yeux.
Mais Fernand Leduc n’est pas seulement le peintre de Libérer la lumière. Il a aussi été l’élève de Borduas, un des cosignataires du Refus global, un peintre automatiste de la première heure, le président fondateur de l’Association des peintres non figuratifs de Montréal… Il est pour ainsi dire incontournable. C’est donc l’exposition à voir cet été pour qui a envie de connaître un célèbre artiste québécois qui a marqué l’Histoire.
Jusqu’au 15 octobre 2006
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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