Michel Veltkamp : Dépeindre le monde
Arts visuels

Michel Veltkamp : Dépeindre le monde

Le Sherbrookois Michel Veltkamp est en demande. En plus d’exposer au Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV), il participe à l’exposition Escapade enluminée à la Galerie Foreman de l’Université Bishop’s. Rencontre avec un artiste en constant renouvellement.

Michel Veltkamp n’a jamais autant travaillé grâce à son art. Tout en mettant la dernière main à l’exposition qu’il présente au FIMAV, il anime des ateliers dans le cadre du programme Artistes à l’école. L’année dernière, il a réalisé deux oeuvres d’art public, l’une dans la cafétéria du Centre 24-Juin et l’autre au Centre jeunesse de Val-du-Lac. Bref, les arts visuels lui apportent un peu d’eau au moulin depuis qu’il a choisi d’habiter à Sherbrooke, il y a 16 mois.

Au moment où on l’a rencontré, dans son atelier de la rue Wellington Nord, il venait de compléter une journée à l’école de Carillon. Après nous avoir gentiment invitée à prendre place sur une chaise, il nous offre une tasse de jus de canneberge, s’assoit et accepte de nous parler de lui et du travail qu’il abat ces temps-ci.

En guise de projet au Carillon, Michel a guidé les enfants dans la création de tableaux qui serviront à décorer la bibliothèque de leur école. Il leur a suggéré de s’inspirer d’un livre qui a changé leur façon de voir le monde et les a ensuite aidés à créer des pochoirs – l’une de ses spécialités – avec des contenants de légumes et de viande en styromousse. Les enfants ont transféré leur pochoir sur un tableau avec les couleurs de leur choix. La bibliothèque se verra donc enjolivée avec l’univers de chacun des élèves.

Décrire et comprendre l’univers. Soulever des questions et peut-être même des révélations. Voilà ce à quoi s’affaire Michel Veltkamp ces temps-ci. Le FIMAV l’a invité à exposer au Cégep de Victoriaville et au Colisée des Bois-Francs, là où se réuniront des gens de partout venus entendre de la musique actuelle live (voir section musique).

Tandis que le Cégep présentera des oeuvres marquantes de son parcours, le Colisée exposera une nouvelle série, Rise and Fall, qui évoque l’histoire de Victoriaville. Dans cette ville des Bois-Francs, étrangement, il n’y a plus de bois franc. Michel s’est questionné. Il a consulté les archives de la société d’histoire, et même fait un tour guidé de la ville pour se rendre compte que pratiquement tout ce dont on lui parlait n’existait plus. "Toute l’authenticité historique a quasiment été anéantie pour de bon", observe-t-il devant une Victoriavilloise d’origine étonnée d’apprendre ce pan de sa propre histoire.

Ce qu’il a découvert en fouillant les articles, c’est que les colons européens ont exploité la forêt pour construire leur flotte navale. Victo est ensuite devenue, dans les années 1950, la capitale du meuble au Québec, avant d’épuiser toutes les ressources forestières des alentours et d’importer du bois d’outre-mer. Aujourd’hui, il subsiste encore l’école du meuble, au Cégep, mais les usines ont presque toutes disparu de la carte.

Les organisateurs du FIMAV ont été surpris de la démarche de recherche de Veltkamp. En 23 ans, c’est le premier artiste invité en arts visuels qui prend le temps de venir s’imprégner de cette manière de la terre d’accueil du festival.

À l’encre de l’Orford

Fouiller, retourner aux sources, voilà une nouvelle façon de travailler qui plaît beaucoup à Michel Veltkamp. Il a utilisé la même méthode pour monter Le Jardin du Québec à la Galerie Foreman. Avec du ruban rouge, il a dessiné le périmètre des premières cartes arpentées des Cantons-de-l’Est. Où les rivières se rencontrent, il a disposé des fourchettes et des couteaux en X. Tout près, il a installé un napperon de resto en papier indiquant "Bienvenue" et un billet de Lotto 6/49, déchiré en forme de mont Orford, en référence à la quantité d’hectares prévus à l’origine dans le projet de vente au privé.

L’artiste n’est pas convaincu d’être entièrement contre le projet de bâtir des condos sur le mont Orford, mais s’inquiète des impacts écologiques et économiques. Veltkamp dit qu’il aimerait lire plus sur le dossier. "Je veux savoir."

CONSTANCE ÉCOLOGIQUE

Dans les nouvelles oeuvres de Veltkamp, on remarque une constante: un souci pour l’environnement, pour les ressources qui se perdent. "Je trouve qu’on est assez nuls comme espèce, s’insurge-t-il dans son français cassé. On n’apprend pas de nos gaffes. On attend après quoi pour agir?"

Parmi les oeuvres de Rise and Fall, il y en a une toute blanche, avec un arbre qui dégringole et un grand signe de piastre, qui évoquent les dollars générés par les coupes à blanc. Une autre montre une chaise à l’envers, dont le dossier tente de prendre racine. Un tableau qui trahit une quête personnelle de Michel; celle de retrouver ses racines. Né en Ontario de parents hollandais, établi au Québec depuis 1988, Michel Veltkamp avoue qu’il a envie d’aller faire un tour en Hollande, son pays d’origine où il ne s’est encore jamais rendu. Fouiller, retourner aux sources, encore.

Au Festival international de musique actuelle de Victoriaville
Du 18 au 22 mai
En collectif, à la Galerie Foreman
Jusqu’au 23 juin
Voir calendrier / Arts visuels