Régis Canuel : Sculptures itinérantes
À vendre ou à louer, les oeuvres du sculpteur Régis Canuel ajoutent sans contredit du "punch" à un décor. Entretien avec un homme que rien ne prédisposait à se réaliser en tant qu’artiste.
Originaire de la Baie-James, Régis Canuel a travaillé dans les mines dès l’âge de 17 ans, suivant ainsi les traces de son père. "Là-bas, on est généralement plus intéressé par le ski-doo et la pêche sur la glace que par l’art." Après avoir quitté le Grand Nord québécois, il s’est lancé dans la construction écologique. Il a d’ailleurs bâti de ses mains, imposantes et habiles, la maison où il habite avec sa conjointe et leurs trois enfants à Sainte-Catherine-de-Hatley. C’est en voulant donner une deuxième vie à des matériaux de bois qu’il a commencé à sculpter.
INSPIRATIONS PROFONDES
Des nombreuses cuillers de bois aux personnages gigantesques qui se dressent devant sa demeure, la production du sculpteur est impressionnante et variée. Depuis quelque temps, il laisse son ancienne vie remonter à la surface. Une rencontre avec un homme qu’il a côtoyé dans les mines et qui a perdu son emploi, à la suite de la fermeture de la compagnie pour laquelle il travaillait, l’a secoué. "Ça teinte ce que je fais. Mes sculptures conservent des traces de cette réalité." L’une d’entre elles, Cobalteresse, qui arbore un authentique casque de mineur, lui a valu une médaille d’or lors du 22e Concours annuel des arts visuels du Cercle des artistes peintres et sculpteurs du Québec.
OEUVRES EN BÉTON
Actuellement, Régis Canuel prépare une exposition collective intitulée Nature et Création, qui réunira une vingtaine de sculpteurs d’un peu partout au Québec au vignoble Côtes d’Ardoise de Dunham, cet été. Il utilise un type de béton ultra-résistant. "Une recette hallucinante, composée à 35 % de matières recyclées, m’a été fournie par le Centre de recherche sur les infrastructures en béton (CRIB), par l’intermédiaire de l’Université de Sherbrooke." L’artiste réalise des charpentes de personnages aux formes arrondies, ce qui lui permet de créer des jeux d’ombre et de lumière. "J’utilise le moins de matière possible, notamment parce que le béton est un matériau très énergivore à produire."
Le sculpteur cherche à s’éloigner d’une certaine tendance à la revendication et à la dénonciation caractéristique de l’art contemporain. Un de ses objectifs est de rendre leur beauté à des réalités sombres. "J’aimerais que mes pièces en relation avec la mine soient ailleurs que dans les musées consacrés à l’exploitation minière. Je voudrais qu’elles se retrouvent dans des lieux où on ne les attend pas." Ainsi, Régis Canuel offre aux particuliers et aux entreprises de louer ses sculptures. "Ça leur permet de les côtoyer au quotidien et de les apprivoiser. Pour ma part, ça me donne l’occasion de les voir évoluer." Le coût de location, établi en fonction de la valeur de l’oeuvre, oscille entre 10 $ et 50 $ par mois. Pour plus de détails, téléphoner au (819) 847-4275.